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  14. <description>Journal fâché avec tout le monde. Ou presque.</description>
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  31. <title>Haïti : la France, créancière odieuse</title>
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  34. <dc:creator><![CDATA[Maëlle Beaucourt]]></dc:creator>
  35. <pubDate>Thu, 17 Apr 2025 12:51:01 +0000</pubDate>
  36. <category><![CDATA[À la Une]]></category>
  37. <category><![CDATA[Enquêtes]]></category>
  38. <category><![CDATA[N°85]]></category>
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  41.  
  42. <description><![CDATA[<p>Ce 17 avril est le jour d’un anniversaire honteux. Il y a deux cents ans, jour pour jour, le roi Charles X impose à la nation haïtienne le paiement d’une indemnité colossale en échange de la reconnaissance de son indépendance. L’ordonnance du 17 avril 1825 impose à l’ancienne colonie française une dette de 150 millions de francs-or pour les anciens colons et propriétaires d’esclaves. Depuis ? La misère, et les drames, en Haïti. Alors voilà : on vous emmène en Haïti, et un peu partout ailleurs dans le monde, là où France rime avec odieuses créances.</p>
  43. <p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/haiti-la-france-creanciere-odieuse/">Haïti : la France, créancière odieuse</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  44. ]]></description>
  45. <content:encoded><![CDATA[<p>Certes, on a perdu une place, récemment, au classement : nous voilà 6<sup>e</sup>. <br>Mais bon, la France reste l’une des principales puissances économiques du monde. Elle pèse de tout son poids dans les orientations du FMI et de la Banque mondiale. Et c’est aussi l’un des principaux États créanciers de la planète. Ses créances bilatérales représentaient fin 2016, plus de 41 milliards d’euros.<br>Une histoire qui remonte à loin. Pour Haïti, par exemple, ça fait deux cents ans…</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-f060d29ca467738e45a2bd487fe51d4e"><strong>Haïti : la rançon des pirates</strong></h6><p>Dans la rade de Port-au-Prince, la menace grandit comme une ombre. En ce jour de 1825, la France a massé sa flotte de guerre au large de la capitale d’Haïti. L’objectif est clair : détrousser l’île, qui a gagné son indépendance en 1804, qui a au passage aboli l&rsquo;esclavage.<br>Sous quel prétexte ?<br>La puissance coloniale réclame un dédommagement, de quoi « indemniser » les anciens maîtres pour « perte de propriété ». Au total, 150 millions de francs or. Soit 68 % du budget annuel de l’État haïtien. Après renégociation à 90 millions en 1838 (suite à l&rsquo;accord dit « Traité de l&rsquo;amitié » &#8211; on appréciera le cynisme), il faudra attendre 1952 pour que la première république noire indépendante rembourse l&rsquo;entièreté de la somme aux banques françaises et américaines.<br>Plus d’un siècle plus tard, les dirigeants haïtiens ont fait leurs calculs : réactualisé, le montant de ce qu’ils ont payé correspond à 21 milliards de dollars. Là-bas, la société civile demande donc cette somme de la France : elle estime que la dette, qui a forcé l’île à emprunter, l’a empêché d’investir dans les infrastructures de première nécessité. Et qu’Haïti en traîne aujourd’hui encore les séquelles, entre misère, violences des gangs…<br>Dans un pays où 62 % de la population vivent dans des conditions d&rsquo;extrême pauvreté, où un enfant sur deux est privé d&rsquo;alphabétisation, ça mettrait une bonne dose de beurre dans les épinards. Pour l’heure, les Haïtiens doivent se contenter de miettes : en 2009, une annulation de 56 millions d’euros de créances françaises. De quoi effacer la dette odieuse (voir notre encadré pour les termes !) des Duvalier, une dictature jadis soutenue par Paris. Mais aucune des catastrophes naturelles subies par Haïti au fil du temps, pas même le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, n&rsquo;a fait changer de position la France. A quand une vraie réparation ?<br>Ce scandale d’Haïti ça nous a rappelé notre rencontre avec le Belge Eric Toussaint, du Comité pour l&rsquo;abolition des dettes illégitimes, il y a quelques années. On lui avait même demandé d’écrire pour Fakir un papier sur les dettes odieuses. On vous en livre quelques extraits.</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-27bb67ad99c57ead18fbdf87f8cf7317"><strong>Grèce : l’arnaque qui valait trois milliards</strong></h6><p>Mai 2010 : États européens, FMI et institutions européennes sortent l’artillerie lourde. C’est qu’ils veulent <strong>« </strong>aider la Grèce ». Mais quand certains amis vous veulent du bien, mieux vaut parfois éviter…<br>L&rsquo;Allemagne, évidemment, c&rsquo;est connu. Mais la France également : elle octroie en mai 2010 un prêt bilatéral de 11,4 milliards d’euro aux Grecs, soit la créance la plus importante détenue sur un pays étranger. Comme toute peine mérite salaire, le taux d’intérêt atteint 4 % fin 2011… alors que la France elle-même empruntait autour de 1,8% ! Fin 2013, Bercy avait déjà perçu 729 millions d’euros d’intérêts sur ce seul prêt.<br>Le tour de bonneteau est plus fort encore avec les titres grecs. Qu’on vous explique : à partir de mai 2010, la Banque centrale européenne et les banques centrales nationales rachètent de la dette grecque sur le « marché secondaire », une sorte de marché d&rsquo;occasion de la dette. Malignes, les banques : elles obtiennent les titres à 70% de leur valeur&#8230; pendant que la Grèce s’acquitte d’intérêts à 6% calculés sur 100 % de leur valeur !<br>Bon, là, quand même, la Cour des comptes a tiqué. Ça commençait à se voir : entre 2012 et 2017, la Banque de France a engrangé 2,3 milliards d&rsquo;euros grâce à ces rachats. Alors, d’accord, promis, ces profits abusifs seraient restitués à la Grèce. Sauf qu’aucun versement n’a eu lieu depuis 2014. L’arrivée de Syriza au pouvoir déplaisait à l&rsquo;Eurogroupe… Les sommes ne seront, éventuellement, reversées que si la Grèce satisfait aux exigences d’austérité imposées par la Troïka.<br> Parce que, oui, on avait oublié de vous dire : toutes ces contributions financières sont conditionnées à l’application d’une austérité féroce. Le peuple grec n’a pas vu la couleur de l’argent, mais a dû rembourser en coupant dans ses allocs chômage, ses retraites, ses services publics, ses droits au travail, en privatisant à tour de bras…</p><div class="encart"><h6 class="wp-block-heading"><strong>Illégitimes, odieuses, illégales, insoutenables…</strong></h6><p><strong>Dette illégitime :</strong> dette contractée non pas pour satisfaire l’intérêt général, mais, au contraire, servir les intérêts d’une minorité privilégiée. Il peut également s’agir d’une dette contractée à des conditions manifestement injustes ou abusives.</p><p><strong>Dette odieuse :</strong> contractée contre l’intérêt général et au service d’une minorité privilégiée, alors même que les créanciers le savaient (auraient dû faire le nécessaire pour le savoir, au moins).</p><p><strong>Dette illégale :</strong> contractée au mépris des normes juridiques nationales ou internationales.</p><p><strong>Dette insoutenable :</strong> dette dont le remboursement empêche les autorités publiques de garantir à la population ses droits économiques et sociaux fondamentaux, prescrits par les pactes et traités internationaux : la santé, l’éducation, le logement…</p></div><p></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-6ef7f7e726933b7bf025c1d21a29843a"><strong>Gabon : la grande braderie françafricaine</strong></h6><p>Au Gabon, 2017, c’est l’année des records. Parce qu’Ali allait pouvoir fêter les 50 ans de la dynastie Bongo ? Pas seulement. Parce que le niveau de la dette publique extérieure venait d’atteindre les 64 % du PIB ? Pas uniquement. Dans le livre des records, il y a ça aussi : un prêt de 255 millions d’euros de la France, via l&rsquo;Agence française de développement, versé le 1<sup>er</sup> décembre dernier.<br>Bien sûr, en contrepartie, il faut savoir « faire des efforts » : comme d&rsquo;habitude depuis les années 1980, ces prêts s&rsquo;accompagnent d&rsquo;un plan d&rsquo;ajustements structurels. Pour les Gabonais, la cure d’austérité est sévère : mise en coupe réglée des effectifs et salaires de la fonction publique, suppression d&rsquo;aides sociales et de bourses d&rsquo;études, privatisations d&rsquo;une quinzaine d&rsquo;entreprises et agences publiques…<br>Et quand il faut privatiser, les grandes entreprises tricolores sont toujours prêtes à donner un coup de pouce, la main sur le cœur. Des exemples ? Eramet, le leader mondial des métaux d’alliage : il ouvre une mine d&rsquo;extraction de terres rares, transporte ses tonnes de manganèse via le chemin de fer Transgabonais… BNP Paribas et Natixis ne sont pas en reste : ces banques financent le géant Olam, courtier sur les denrées alimentaires, qui lance une zone économique avec 100 % d&rsquo;exonérations de taxes, appropriations foncières facilitées pour les industriels étrangers, etc.<br>Pendant ce temps, les vendeurs ambulants, eux, se voient frappés d&rsquo;un nouvel impôt.<br>Colas, Bouygues, Lagardère et surtout Total ont de leur côté copieusement tiré profit de deux récentes éditions de la Coupe d&rsquo;Afrique des Nations organisées au pays, qui ont alourdi le fardeau de la dette de 1,3 milliard d&rsquo;euros.<br>Alors, bien sûr, il y a, derrière ce rapt, les choix d’un président corrompu, autoritaire, mêlé aux scandales des Bongoleaks et des Panama Papers. Mais il y a, aussi, notre pays. Notre pays qui, au nom de la politique de tolérance zéro du FMI sur les dettes souveraines, réclame aujourd’hui avec sept autres créanciers le remboursement immédiat de 115 millions de dollars&#8230;</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-4c0964a294f940f097a5789687bcafd4"><strong>Égypte : le mikado des militaires</strong></h6><p>Impitoyable chez lui, soumis hors des frontières : c’est tout Abdel Fattah Al-Sissi, ça. Vous le remettez ? C’est lui, alors chef de l’armée égyptienne, qui avait profité du mouvement révolutionnaire pour prendre le pouvoir par les armes en juillet 2013. Dans les semaines suivantes, il faisait sa révolution à lui, en mode répression féroce et arbitraire de tout ce qui pouvait éventuellement ressembler à un opposant politique &#8211; journalistes, LGBTI, ONG…<br>Mais devant le FMI, monsieur Al-Sissi adoptait déjà un air moins bravache. Il minaudait, presque, pour convaincre les principaux créanciers que son régime était garant de stabilité et digne de confiance. Bien joué : en novembre 2016, un prêt de 12 milliards de dollars arrive du FMI.<br>À deux conditions, toutefois : l’adoption d’un taux de change flottant (donc l’inflation explose) et la réduction drastique des subventions publiques (donc les pauvres paieront).<br>Après ça, on ne s’étonne guère de voir la France accueillir Al-Sissi en grandes pompes en octobre dernier : notre pays détenait plus d’un milliard d’euros de créances sur l’Égypte au 31 décembre 2016.&nbsp;<br>Et avec un rapide retour sur investissements.<br>En février 2015, des contrats portant sur 24 avions de chasse, une frégate et des missiles, sont paraphés. Montant total : 5,2 milliards d’euros. Même topo en 2014, et en 2016. Là où cela devient vraiment drôle, c’est que pour près de moitié, cette somme est financée par un pool de banques commerciales : la BNP Paribas, la Société générale et le Crédit agricole. Et garanti par Bpifrance, c’est-à-dire Bercy.<br>Du métro aux frégates, des intérêts aux armements, c’est simple : à tous les coups on gagne.<br>Dans une résolution du 10 mai 2012, le Parlement européen jugeait « odieuse la dette publique extérieure des pays d&rsquo;Afrique du Nord et du Proche-Orient, sachant qu&rsquo;elle a été accumulée par les régimes dictatoriaux, par le biais principalement de l&rsquo;enrichissement personnel des élites politiques et économiques et de l&rsquo;achat d&rsquo;armes, utilisées souvent contre leurs propres populations ». Il demandait dans la foulée « un réexamen de la dette, et notamment de celle liée aux dépenses d&rsquo;armement ». Dette « odieuse », donc. Pas pour tout le monde, apparemment.</p><div class="encart"><h6 class="wp-block-heading"><strong>La meilleure France est avec nous</strong></h6><p>Est-ce trahir la France que d&rsquo;en critiquer ses banquiers ?<br>Au contraire.<br>C&rsquo;est en servir la meilleure part.<br>J&rsquo;ai découvert cette anecdote dans <em>les Ecrits politiques de Victor Hugo</em>.<br>En 1861, Napoléon III engage la guerre du Mexique, qui commence fort mal : <em>« Les premiers effectifs débarqués s&rsquo;étaient heurtés à une résistance acharnée, et la ville de Puebla tint plusieurs mois face à l&rsquo;armée française.</em> Hugo apprit que les assiégés publiaient un journal dont chaque numéro commençait par une citation de Napoléon-le-Petit. L&rsquo;un d&rsquo;eux contenait ces mots, adressés aux envahisseurs : <em>« Qu&rsquo;êtes-vous ? les soldats d&rsquo;un tyran ; la meilleure France est avec nous. Vous avez Napoléon, nous avons Victor Hugo. »<br></em>Cette idée des « deux France » est au cœur de la réponse de Hugo aux hommes de Puebla. On y lira l&rsquo;expression d&rsquo;un patriotisme toujours conditionné à une <em>« certaine idée de la France »</em>, qui n&rsquo;est pas celle des apôtres de la grandeur à tout prix. Ce patriotisme-là est souvent taxé de trahison, et l&rsquo;on ne s&rsquo;en priva pas. Mais si, comme Hugo l&rsquo;écrira quatre ans plus tard, la France est « trop grande pour n&rsquo;être qu&rsquo;une patrie », c&rsquo;est qu&rsquo;à ses yeux elle représente un idéal commun qui ne saurait se reconnaître dans un Etat qui le bafoue &#8211; quand bien même cet Etat, son armée et son chef se diraient Français, et arboreraient, pour les déshonorer, les trois couleurs de 1789. »</p></div><p></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-0d4f97080b5be719b9ce4437fcfc6bcc"><strong>Rwanda : les archives sanglantes</strong></h6><p>Juin 1994 : alors que le génocide au Rwanda fait rage depuis près de trois mois, le gouvernement français intervient. C’est l’opération Turquoise. Officiellement, il s’agit de mettre fin aux massacres. En réalité, de nombreux génocidaires vont en profiter pour fuir vers le Congo voisin, déstabilisant la région jusqu’à aujourd’hui.<br>La France, déjà, avait soutenu le gouvernement génocidaire dès le début des années 1990. Ce soutien durera jusqu’au bout des massacres : il faut maintenir le Rwanda dans la sphère d’influence de Paris.<br>Heureux concours de circonstances : les responsables rwandais qui se font la malle vers le Congo partent avec de nombreux documents, qui prouvent le lien entre les financements du génocide et les prêts dont a bénéficié le pays. Des prêts octroyés par les institutions financières internationales.&nbsp;<br>Les nombreuses archives qui n’ont pu être emportées racontent tout de même pas mal de choses. Entre autres, et bien que la majorité de la dette soit due au FMI et à la Banque mondiale, l’encours des créances françaises sur le Rwanda dépasse encore les 10 millions d’euros. Plus de vingt ans après, leur annulation ne serait qu’un timide premier pas pour admettre la responsabilité de Paris dans une tragédie qui a fait près d’un million de victimes, majoritairement civiles.</p><p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/haiti-la-france-creanciere-odieuse/">Haïti : la France, créancière odieuse</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
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  49. </item>
  50. <item>
  51. <title>Soirée événement : comment la gauche va gagner</title>
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  54. <dc:creator><![CDATA[L'équipe de Fakir]]></dc:creator>
  55. <pubDate>Wed, 16 Apr 2025 13:58:31 +0000</pubDate>
  56. <category><![CDATA[À la Une]]></category>
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  58. <category><![CDATA[Politique]]></category>
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  60.  
  61. <description><![CDATA[<p>Fakir organise mercredi 30 avril 2025, à la Bourse du Travail de Paris, un grand rendez-vous politique et populaire avec celles et ceux qui luttent, organisent, espèrent.<br />
  62. Rien que le nom se veut porteur d’optimisme et d’espoir, et tient de la promesse : « Comment la gauche va gagner » ! On vous y attend nombreuses et nombreux !</p>
  63. <p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/comment-la-gauche-va-gagner/">Soirée événement : comment la gauche va gagner</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  64. ]]></description>
  65. <content:encoded><![CDATA[<p>Au programme de ce grand rendez-vous&nbsp;: face à l’extrême-droite et l’extrême-argent, rassembler les gens.</p><p>Montrer que les revendications, les envies et les besoins sont communs, des syndicalistes aux habitants des quartiers populaires, des Gilets jaunes aux écolos, des abstentionnistes aux intellos. Et voir comment transformer tout ça en espérance, ensemble.</p><p>On ne va pas se mentir&nbsp;: il y a urgence, en France, à inverser le cours des choses.</p><p>Alors, sur quels thèmes, quels combats allier les gens, les différentes classes populaires&nbsp;?</p><p>Quel récit, quelles propositions, à gauche, pour emporter les cœurs et gagner dans les urnes&nbsp;?</p><p>Bref, comment gagner, ensemble, avec une gauche forte et unie&nbsp;?</p><p>Autour de nos invités*, l&rsquo;équipe du journal animera trois tables rondes publiques de 40 minutes chacune, filmées et retransmises en direct sur nos réseaux sociaux, entre interventions de la fanfare, des dessinateurs du journal qui réagiront en direct, et pas mal d’autres surprises.</p><p></p><p><em>* Entre autres, <em>François Boulo (ex-avocat, gilet jaune)</em></em>, <em>Leïla Chaibi (eurodéputée LFI), Maxime Combes (économiste), Louisa Fillistine (aide à domicile), <em>Marie Pochon (députée les Écologistes),</em> Carine Lentretien</em> <em>(infirmière à Nancy)</em>, <em>Philippe Rio (maire communiste de Grigny), Danielle Simonnet (députée Les Écologistes, l’Après), Damien Dubard (ouvrier et délégué CGT), Gilles Noël (vice-président de l’association des maires ruraux de France), Mimouna Hadjam (Africa 93), Dylan Ayissi (Une Voie pour tous), Matthias Tavel (député LFI), Ali Rabeh (maire de Trappes, Génération.s)</em>, et une fanfare !</p><p></p><h2 class="wp-block-heading"><strong>Comment la gauche va gagner</strong></h2><p><a href="https://fb.me/e/8ZBAA1DKw">Inscription sur la page Facebook de l&rsquo;événement</a>.</p><p><strong>Mercredi 30 avril 2025 — 19h à 22h (entrée libre).</strong></p><p><strong>Bourse du travail, 3 rue du Château d’Eau, 75010 Paris</strong>. <strong>Grande salle Ambroise Croizat</strong>.</p><figure class="wp-block-image size-large"><img fetchpriority="high" decoding="async" width="724" height="1024" src="https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/AFFICHE3-724x1024.jpg" alt="" class="wp-image-14040" srcset="https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/AFFICHE3-724x1024.jpg 724w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/AFFICHE3-212x300.jpg 212w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/AFFICHE3-768x1086.jpg 768w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/AFFICHE3-1086x1536.jpg 1086w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/AFFICHE3-1448x2048.jpg 1448w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/AFFICHE3-600x849.jpg 600w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/AFFICHE3-scaled.jpg 1810w" sizes="(max-width: 724px) 100vw, 724px" /></figure><p></p><p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/comment-la-gauche-va-gagner/">Soirée événement : comment la gauche va gagner</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
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  69. </item>
  70. <item>
  71. <title>Retraite : 66% des salariés pour le retour à 60 ans</title>
  72. <link>https://fakirpresse.info/retraite-66-salaries-retour-60-ans/</link>
  73. <comments>https://fakirpresse.info/retraite-66-salaries-retour-60-ans/#respond</comments>
  74. <dc:creator><![CDATA[Pierre Joigneaux]]></dc:creator>
  75. <pubDate>Wed, 16 Apr 2025 13:55:04 +0000</pubDate>
  76. <category><![CDATA[À la Une]]></category>
  77. <category><![CDATA[Économie]]></category>
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  80. <category><![CDATA[Social]]></category>
  81. <guid isPermaLink="false">https://fakirpresse.info/?p=13934</guid>
  82.  
  83. <description><![CDATA[<p>On peut le prendre dans tous les sens : deux tiers des Français sont, encore et toujours, favorables à l'abrogation de la « réforme » des retraites qui oblige à travailler deux ans de plus. Comme Jean-Pierre, qui dans sa raffinerie, « nettoie un bac entier de merde », à 67 ans…</p>
  84. <p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/retraite-66-salaries-retour-60-ans/">Retraite : 66% des salariés pour le retour à 60 ans</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  85. ]]></description>
  86. <content:encoded><![CDATA[<p><em>« Là, je suis sous-traitant dans le pétrole, mais j’ai fait quinze ans chez Pitard, mécanicien pour engins agricoles, carrossier pendant vingt-cinq ans »</em>, râle Jean-Pierre dans le hall de son bâtiment. Ce grand moustachu aux cheveux blancs, on l’avait rencontré à Donges, en Loire-Atlantique (<a href="https://fakirpresse.info/sur-ces-terres-qu-il-faudra-reprendre/">voir dossier du <em>Fakir</em> 114</a>).<br>On discutait politique devant sa porte, je n&rsquo;arrivais pas à deviner son âge, à Jean-Pierre. Il me paraissait en grande forme, mais les traits de son visage semblaient le trahir. <em>« J’ai 67 ans. Et bosser deux ans de plus avant la retraite, c’est dur. Certains boulots, comme dans le pétrole, c’est même très, très dur. À la raffinerie, quand tu nettoies un bac entier de merde, personne ne veut le faire. » </em>À 67 ans, il bosse encore. ça m’a donné le tournis.</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-38a363bd24eba0617ce4ae0866eb23a2"><strong>Retraite : 68% des salariés veulent un référendum </strong></h6><p>La CGT révélait en début de semaine un sondage sur les retraites, et les chiffres parlent d’eux-mêmes : les Français en ont ras-le-bol. Ils sont 6 sur 10 à penser ne pas pouvoir tenir jusqu’à 64 ans et à se prononcer pour un retour de la retraite à 62 ans. Pire encore, 4 salariés sur 10 craignent d’être licenciés avant 64 ans. Deux ans après son adoption à coups de 49.3, la «&nbsp;mère des réformes&nbsp;», comme l&rsquo;appelait Emmanuel Macron, n’a de cesse de revenir sur la table depuis 2023, perçu comme un “vice social” et un “déni démocratique” par les syndicats, dont la CGT, et la population. À l’heure actuelle, 68 % des Français soutiennent même l’idée d’un référendum sur les retraites pour s’opposer à cette réforme jugée autoritaire.</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-350087387e75d64e0f7dcd8824fb1cd2"><strong><em>«&nbsp;Je faisais des semaines de 72 heures…&nbsp;»</em></strong></h6><p><em>«&nbsp;Avec 700 euros de retraite, tu ne fais rien ! Alors t’es obligé de travailler</em>&nbsp;», m’explique Janine en buvant son café. C’est une ancienne Gilet Jaune, Janine. Et depuis 2015, le début de sa retraite, elle n’a jamais cessé de bosser. À 78 ans, elle estime avoir assez donné. <em>«&nbsp;J’ai travaillé depuis mes seize ans. Je faisais des semaines de 72 heures. Je cumulais plusieurs jobs. Dans la même journée j’étais éboueuse, agent d’accueil chez Bouygues…&nbsp;»</em> Et il y a encore quelques mois, elle se levait au milieu de la nuit pour distribuer le journal du coin dans les boîtes aux lettres. Dans sa poche : vingt centimes par journal déposé, le gasoil à ses frais. Épuisée, elle a décidé de tout arrêter.</p><p>Comme Janine, 78 % des Français sont pour l’augmentation générale des salaires qui augmentera mécaniquement les cotisations retraites.</p><p>Comme Janine et Jean-Pierre, ils sont 76 % des ouvriers à réclamer une retraite décente à 60 ans…</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-48dda8f8d3f5472a9a2b529b835da7b3"><strong>Enlisement socialo-démocratique</strong></h6><p>En février dernier s’ouvrait un fumeux «&nbsp;conclave&nbsp;» sur les retraites, à la demande du Premier ministre, François Bayrou. L’occasion de «&nbsp;remettre en chantier&nbsp;» la réforme contestée&nbsp;? Non, puisque le Premier ministre avertissait, alors que les discussions avaient déjà débuté&nbsp;: «&nbsp;Pas question de revenir à l’âge de départ à 62 ans.&nbsp;» A quoi bon conclaver, alors&nbsp;? Le 19 mars, la CGT claquait la porte, suivie par Force ouvrière et l’Union des entreprises de proximité. <em>«&nbsp;le Premier ministre et le patronat ont malheureusement définitivement enterré ce conclave&nbsp;», </em>soupirait Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT<em>. «&nbsp;c’est très grave, parce que le Premier ministre s’était engagé à ce que ces discussions soient “sans totem et sans tabou”.&nbsp;»</em>&nbsp;</p><p>Depuis, rien. Enfin si&nbsp;: des menaces, comme la suppression de l’abattement fiscal de 10&nbsp;% pour les retraités. C’est que Bayrou l’a annoncé, ce 15 avril&nbsp;: Bercy veut trouver 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026. Mais pas question, bien sûr, d’aller voir du côté des 98 milliards de dividendes de CAC 40, ou des aides accordées aux (grosses) entreprises, sans contrepartie et largement sans effets (200 milliards par an). Non, continuons à gratter sur le dos des retraités, de Jean-Pierre et Janine…</p><div class="encart"><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-6-color has-text-color has-link-color wp-elements-04b18648060435e1d956de00b2d77b28"><strong>Taxer les dividendes, mieux payer les femmes… Les Français ont plein d’idées&nbsp;!</strong></h6><p>50 % sont favorables à augmenter le montant des cotisations retraites payées par les employeurs et les salariés.<br>86 % sont pour l’alignement salarial entre les femmes et les hommes.<br>76 % des Français sont pour augmenter d’un point les cotisations patronales.<br>82 % sont pour taxer les dividendes pour financer les retraites.</p></div><p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/retraite-66-salaries-retour-60-ans/">Retraite : 66% des salariés pour le retour à 60 ans</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  87. ]]></content:encoded>
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  90. </item>
  91. <item>
  92. <title>Maxime Combes : « Face à la guerre commerciale, au lieu de relocaliser, l’Europe signe des traités de libre-échange… »</title>
  93. <link>https://fakirpresse.info/maxime-combes-guerre-commerciale-relocaliser/</link>
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  95. <dc:creator><![CDATA[Pierre Joigneaux]]></dc:creator>
  96. <pubDate>Tue, 15 Apr 2025 13:56:03 +0000</pubDate>
  97. <category><![CDATA[À la Une]]></category>
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  99. <category><![CDATA[Économie]]></category>
  100. <category><![CDATA[Entretiens]]></category>
  101. <category><![CDATA[Exclus web]]></category>
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  104. <category><![CDATA[Social]]></category>
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  106.  
  107. <description><![CDATA[<p>Déclaration de guerre économique de Donald Trump à la Chine et au reste du monde, les droits de douanes deviennent une nouvelle arme de la guerre commerciale, et emballent les marchés financiers. On vous en explique les enjeux, et pourquoi il est urgent pour l’Europe de se protéger, de relocaliser, avec Maxime Combes, économiste et figure d’Attac.</p>
  108. <p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/maxime-combes-guerre-commerciale-relocaliser/">Maxime Combes : « Face à la guerre commerciale, au lieu de relocaliser, l’Europe signe des traités de libre-échange… »</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  109. ]]></description>
  110. <content:encoded><![CDATA[<p><em>« Donald Trump a décidé de revoir les règles telles qu’elles avait été édictées pour construire la mondialisation, en élevant les tarifs douaniers de manière extrêmement importante : c’est la plus forte hausse depuis quatre-vingts ans, au moins depuis la Seconde guerre mondiale. » </em>Maxime Combes, économiste, pèse ses mots, calmement. Loin de la panique qui s’empare des marchés, d’un jour à l’autre. Depuis les annonces du président américain, ce 2 avril 2025, la nervosité des marchés financiers est extrême. 10 %, 44 %, 20 % pour les pays en excédent commercial avec les États-Unis&#8230; Bref : « <em>Allez vous faire foutre, je mets des droits de douane »</em>,<em> </em>résume pour <em>Fakir</em> Maxime Combes, économiste et figure de l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l&rsquo;action citoyenne (Attac).</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-bb3ef4e55085a8ba929ac26520ef3a0c"><strong><strong>Déclaration de guerre commerciale</strong></strong></h6><p>Le pays le plus frappé par ces annonces, c’est la Chine. Les marchandises chinoises vont être soumises à des taxes de plus 100 %. Une véritable déclaration de guerre économique des États-Unis. Et, plus largement, au monde entier. Car si l’Asie est fortement touchée, souvent à plus de 30 %, l’Europe est également durement frappée, avec 20 %. Depuis ces annonces, les marchés financiers s’emballent.</p><p>D’abord, les places asiatiques&nbsp;: elles ont connu un «&nbsp;lundi noir&nbsp;» dès le 7 avril, avec des baisses inédites depuis la crise asiatique de 1997. En Europe, on y est aussi, à Francfort, Paris, Londres, et des baisses entre 5 et 10&nbsp;%.&nbsp;Ces chiffres montrent la grande nervosité qui règne sur les marchés depuis les annonces. Aux Etat-Unis, certains indices retrouvaient des niveaux comparables à ceux de 2008, lors de la crise de Lehman Brothers, et en 2020 durant la crise sanitaire.</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-84e323329fb9147f65021192408c5b54"><strong>USA, Chine&nbsp;: conflit mondial pour le contrôle des infrastructures.</strong></h6><p>Alors&nbsp;? Pourquoi Donald Trump augmente-t-il les droits de douanes&nbsp;?&nbsp;<em>«&nbsp;C</em><em>’est un conflit mondial entre la Chine et les USA pour le contrôle des infrastructures mondialisées. Pas simplement pour le contrôle du commerce, mais pour le contrôle des infrastructures numériques, financières, de transports, d’énergie, etc. C’est le leadership économique mondial pour les quarante prochaines années qui est en train de se jouer&nbsp;»</em>, explique Maxime Combes, dévoilant l’arrière cuisine des grandes annonces. «&nbsp;<em>Ces infrastructures sont complètement invisibilisés dans la mondialisation, mais elles sont au cœur du conflit mondial entre la Chine et les Etats-Unis. Et Donald Trump estime que l’augmentation des droits de douane est le meilleur moyen dont il dispose pour conserver le leadership économique mondial des Etats-Unis&nbsp;».</em></p><p>Quels sont ces « infrastructures mondiales » pour lesquelles se battent la Chine et les États-Unis ? « <em>Par exemple le numérique, les GAFAM, ou le système de paiement bancaire. C’est on ne peut plus stratégique. Si demain Trump arrête Mastercard et Visa, en Europe, on fait comment ? On a de tous petits outils de paiements, mais pour faire fonctionner nos économies ? Elles seraient coincées, à l’arrêt, ce n’est pas raisonnable. Pareil sur les GAFAM : si demain Trump dit stop, on fait comment ? Ils ont la main sur toute notre infrastructure numérique. Ce n’est pas raisonnable… »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-f9a9bc0461b45c923e27e48ae38c2bdd"><strong>Que fait l’Europe&nbsp;?</strong></h6><p>Face à cette guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, que fait l’Europe ? Un grand plan de relocalisations stratégiques, pour nous protéger ? « <em>L’Union européenne pense que Donald Trump pourrait n’être qu’une parenthèse&#8230; Donc on continue à signer des accords de libre-échange avec le monde entier, hors États-Unis et Chine&#8230; »</em></p><p>Et pour ça, l’Europe s’active, on peut le dire&nbsp;: le Mercosur (l’accord de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique du sud, lire&nbsp;<a href="https://fakirpresse.info/mercosur-bruxelles-tes-agriculteurs-crevent-halte-au-libre-echange">notre reportage</a>&nbsp;sur le sujet) a été conclu par Ursula von der Leyen, en personne. L’accord avec le Mexique&nbsp;?&nbsp;<a href="https://www.lesechos.fr/monde/europe/leurope-et-le-mexique-renforcent-leurs-liens-economiques-juste-avant-lere-trump-2143337">Conclu</a>. Et des négociations commerciales sont en cours avec l’Inde, la Thaïlande, l’Australie, le Cambodge, les Philippines, l’Afrique du Sud, etc. Bref&nbsp;: on ouvre de nouveaux débouchés aux multinationales européennes en mettant en concurrence la main d’œuvre du Vieux continent avec la main d’œuvre indienne et thaïlandaise. Riche idée pour l’emploi et pour notre souveraineté… Maxime Combes soupire. «&nbsp;<em>Nous sommes dépendants de soubresauts internationaux, de décisions extérieures, sur lesquels nous n’avons aucune prise. Pourtant, ça fait la troisième fois en seulement cinq ans qu’on reçoit un signal d’alarme pour notre souveraineté. La pandémie, en 2020, pas de prise sur notre souveraineté sanitaire. L’invasion russe en Ukraine, en 2022, pas de prise sur les décisions de Poutine. Et là, troisième fois, en 2025, avec Trump. Et qu’est-ce qu’on fait&nbsp;? Le Ceta&nbsp;</em>[ndlr&nbsp;: accord de libre échange entre l’Europe et le Canada, en négociation]<em>, la réponse est hallucinante ».</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-e73d4bc91ac5d4204c695501a49524b1"><strong>Relocaliser pour se protéger</strong></h6><p>Justement, quelle réponse apporter&nbsp;face à ces «&nbsp;soubresauts internationaux&nbsp;»&nbsp;?&nbsp;<em>«&nbsp;On n’assiste pas du tout, mais alors pas du tout, à la mondialisation heureuse comme on nous l’avait promise, à la fameuse ‘‘fin de l’Histoire’’. On fait face, au contraire, à un maximum d’incertitude, d’imprévisibilité. Et c’est compliqué de se projeter, y compris d’un point de vue économique, même très capitaliste.&nbsp;»&nbsp;</em>Face à cette imprévisibilité, que faire&nbsp;? «&nbsp;<em>La priorité&nbsp;: réduire notre dépendance européenne à ces marchés mondiaux. Réfléchir à comment on protège nos secteurs clés, comment on conserve les emplois en Europe, comment et quels secteurs on relocalise en priorité. Face à l’instabilité internationale, on devrait regarder comment on redevient maître et possesseur des infrastructures nécessaires. »</em></p><p>Avec une ligne directrice qui pourrait être simple : au lieu d’aller chercher de nouveaux marchés extérieurs, s’exposer aux quatre coins du monde, que les États-membres concentrent leurs investissements sur le marché intérieur. <em>« Oui, investir massivement par exemple dans la transformation des modes de transports en Europe, et nous protéger de la concurrence étrangère »</em>, abonde l’économiste<em>. « Sur la voiture électrique par exemple, si on décide de sauver l’industrie allemande et française, et les emplois qui vont avec, il nous faut investir massivement dans l’électrique en Europe et nous protéger des véhicules chinois en augmentant encore nos droits de douane </em>[ndlr : une surtaxe pouvant aller jusqu’à 35 % sur les véhicules électriques fabriqués en Chine a été décidé par l’UE en octobre 2024]<em>. La première étape, quel que soit le scénario à gauche, altermondialiste ou accompagnement du capitalisme, ça devrait être la même : privilégier le marché intérieur européen, la relocalisation écologique et solidaire. »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-0d0e1e083a142fc5a3d286df1ff40bc6"><strong>On navigue à vue</strong></h6><p>En attendant, l’économie mondialisée navigue à vue, dans un sacré brouillard. Et l’instabilité, les marchés financiers adorent ça.&nbsp;<em>«&nbsp;Personne ne connaît le cadre de la mondialisation dans vingt jours. Le prix du pétrole s’effondre, mais la réalité physique de ce marché-là, le coût du forage, n’a pas bougé. La bulle financière n’a aucun rapport avec l’économie réelle. On a un risque de crise financière, d’effondrement d’une partie du système financier, de déstabilisation d’une banque de nature systémique</em>&#8230;&nbsp;<em>Mais pour l’instant, les effets sur l’économie réelle, on ne sait pas.&nbsp;»</em></p><p>Qu’on résume. Trump déclare une guerre commerciale à la Chine pour le contrôle des infrastructures mondiales, et les marchés financiers peuvent, à eux tous seuls, faire éclater une crise financière. L’Europe, elle, ne réagit pas, ou pire, continue comme avant, en pire. Conclusion&nbsp;: il devient toujours plus urgent de relocaliser, de nous protéger. D’ailleurs, ce besoin de protection, de sécurité économique et financière, c’est ce qu’on entend partout, en reportage. Dans un monde idéal, les dirigeants européens l’entendraient eux aussi. Mais le veulent-ils seulement&nbsp;?</p><p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/maxime-combes-guerre-commerciale-relocaliser/">Maxime Combes : « Face à la guerre commerciale, au lieu de relocaliser, l’Europe signe des traités de libre-échange… »</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
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  114. </item>
  115. <item>
  116. <title>Scandale Vencorex : cette industrie (et ces emplois) qu’on assassine</title>
  117. <link>https://fakirpresse.info/scandale-vencorex-cette-industrie-et-ces-emplois-quon-assassine/</link>
  118. <comments>https://fakirpresse.info/scandale-vencorex-cette-industrie-et-ces-emplois-quon-assassine/#respond</comments>
  119. <dc:creator><![CDATA[Maëlle Beaucourt]]></dc:creator>
  120. <pubDate>Fri, 11 Apr 2025 18:13:24 +0000</pubDate>
  121. <category><![CDATA[À la Une : Les derniers articles]]></category>
  122. <category><![CDATA[Carnets de Bord]]></category>
  123. <category><![CDATA[Économie]]></category>
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  125. <category><![CDATA[Exclus web]]></category>
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  128.  
  129. <description><![CDATA[<p>Après tant d’autres, Vencorex. L’usine de chimie grenobloise, en redressement judiciaire depuis septembre 2024, ne sera pas reprise par ses salariés comme envisagé. Le tribunal de commerce de Lyon (et le gouvernement, par laisser-faire) ont préféré la laisser filer chez le concurrent chinois, quitte à sacrifier des centaines d’emplois.</p>
  130. <p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/scandale-vencorex-cette-industrie-et-ces-emplois-quon-assassine/">Scandale Vencorex : cette industrie (et ces emplois) qu’on assassine</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  131. ]]></description>
  132. <content:encoded><![CDATA[<p><em>«&nbsp;On y a tellement cru qu’on ne s’y attendait pas. C’est vraiment nous couper l’herbe sous le pied alors qu’il nous manquait un mois pour finaliser le projet…&nbsp;».</em> Leslie, une salariée,se désolait, au micro de RadioFrance. Jeudi 10 avril, le tribunal de commerce de Lyon a rendu son verdict : l’usine de chimie sera reprise par le géant de l’industrie chinoise Wanhua, un de ses concurrents. Clap de fin pour les 500 salariés de Vencorex, installé au Pont-de-Claix, près de Grenoble. <em>«&nbsp;C’est 120 ans d’histoire industrielle partie en fumée&nbsp;»</em>, soufflait au Christophe Ferrari, président de Grenoble-Alpes Métropole.</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-61232d5deac72414527354a41bcd3dca"><strong>Une hécatombe pour l’emploi</strong><br></h6><p>Vencorex, c’est une usine chimique sui produit en particulier un sel spécial essentiel pour les fusées spatiales et les missiles. Même si on n’est pas spécialement fan des armes, on peut comprendre l’intérêt stratégique d’une telle industrie, et le besoin de la garder dans le giron national. Or depuis septembre 2024, Vencorex est en redressement judiciaire. Pour éviter que l’entreprise ne tombe entre les mains d’investisseurs étrangers, trente-sept salariés se mobilisent alors et conçoivent en urgence un projet de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) qui prévoit la sauvegarde de 300 emplois sur plus de 400.Le 6 mars 2025, les salariés demandent un délai, rien qu’un petit délai supplémentaire d’un mois afin de proposer un dossier pérenne, sans subir un calendrier trop rapide. Demande refusée par le tribunal de Lyon.<em> « On était à deux doigts d’y arriver. C’est un grand gâchis, parce qu’on avait des solutions »</em>, raconte scandalisée, Séverine Dejoux, salariée et syndicaliste CGT. Hier, elle était devant l’usine pour manifester avec ses collègues. Mais la solution des salariés n’emballait pas le tribunal : « <em>Pas viable, pas assez de trésorerie et de financement… »</em><br>De l&rsquo;autre côté ? un géant avec une proposition de reprise par le groupe chinois Wanhua, via sa filiale hongroise BorsodChem. Une proposition plus adéquate, apparemment : le groupe promet d’investir 19 millions d’euros sur le site grenoblois d’ici à 2027 – et on sait bien que ces grands groupes tiennent toujours leurs promesses, hein. Bon, d’accord, ils ne conserveront que cinquante postes, contre les trois cents que visaient les salariés. C’est que les dividendes, ça ne monte pas tout seul, que voulez-vous. On n’est pas dans une coopérative, là !</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-fbef6943b464d80f056440bd7c745fd4"><strong>Bradée à l’étranger&nbsp;: merci le gouvernement.</strong><br></h6><p><em>«&nbsp;J’ai l’intime conviction que pour le ministre de l’Industrie cette affaire était pliée depuis le début. Depuis le début, l’État aurait dû être l’acteur de tout cela. Et pourtant, ce sont les salariés, les élus locaux et les acteurs du territoire qui se sont mouillés pour trouver une solution. En vain&nbsp;»</em> continue de témoigner Christophe Ferrari au micro de <em>RadioFrance</em>.&nbsp;</p><p>Le gouvernement n’a pas pris en charge le projet. Or, en plus de mettre en péril les salariés, des milliers d’autres emplois corrélés à l’activité de l’usine sont sur la sellette. Un effet domino qui, en plus des centaines de postes supprimés, en menace près de 6000 autres. C’est notamment le cas des salariés de l’usine Arkema et ses 2000 salariés qui, à quelques kilomètres de là, travaillent en relation directe avec Vencorex.<br>Le 14 avril prochain, une cinquantaine d’ouvriers retourneront sur leur site de travail. Pour des centaines d’autres, direction FranceTravail&nbsp;: le gouvernement français s’occupe d’eux, pas d’inquiétude&#8230;</p><p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/scandale-vencorex-cette-industrie-et-ces-emplois-quon-assassine/">Scandale Vencorex : cette industrie (et ces emplois) qu’on assassine</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  133. ]]></content:encoded>
  134. <wfw:commentRss>https://fakirpresse.info/scandale-vencorex-cette-industrie-et-ces-emplois-quon-assassine/feed/</wfw:commentRss>
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  136. </item>
  137. <item>
  138. <title>Handicap : les aventuriers de la gare maudite.</title>
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  140. <comments>https://fakirpresse.info/handicap-les-aventuriers-de-la-gare-maudite/#respond</comments>
  141. <dc:creator><![CDATA[Camille Vandendriessche]]></dc:creator>
  142. <pubDate>Fri, 11 Apr 2025 12:17:15 +0000</pubDate>
  143. <category><![CDATA[À la Une : Les derniers articles]]></category>
  144. <category><![CDATA[Carnets de Bord]]></category>
  145. <category><![CDATA[Exclus web]]></category>
  146. <category><![CDATA[Reportages]]></category>
  147. <category><![CDATA[Services publics]]></category>
  148. <category><![CDATA[Social]]></category>
  149. <guid isPermaLink="false">https://fakirpresse.info/?p=13508</guid>
  150.  
  151. <description><![CDATA[<p>C'est Thierry, en fauteuil roulant depuis quatorze ans, qui nous a signalé l’aberration : vingt ans après la loi Handicap, les personnes à mobilité réduite ne sont toujours pas les bienvenues dans nos gares. On est allé voir à Longueau : on n'était pas au bout de nos surprises...</p>
  152. <p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/handicap-les-aventuriers-de-la-gare-maudite/">Handicap : les aventuriers de la gare maudite.</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  153. ]]></description>
  154. <content:encoded><![CDATA[<p>Thierry se prend des branches dans la gueule, dans les roues, mais continue, coûte que coûte. <em>«&nbsp;C&rsquo;est à la SNCF de les entretenir, mais ça non plus, elle ne le fait pas&nbsp;</em>», m’explique-t-il en continuant à rouler. Une voiture est garée sur le trottoir, on doit rester sur la voie de bus pour remonter jusqu&rsquo;au pont et passer de l&rsquo;autre côté de la gare. Mais au bout de trente mètres, faut rebrousser chemin&nbsp;: un autre bus arrive au loin, le fauteuil de Thierry est trop large, il faut céder le passage…</p><p>Thierry, il nous avait envoyé un message, à Fakir : <em>« C&rsquo;est dommage d&rsquo;avoir une gare très bien desservie, avec un grand parking, mais de devoir aller à Amiens pour prendre le train ! »</em> À sept kilomètres du centre-ville d&rsquo;Amiens, la gare de Longueau est connue de tous les Amiénois pour son côté pratique : parking gratuit de plusieurs centaines de places disponibles, train direct pour Paris&#8230; En 2023, 456 000 voyageurs l’ont fréquentée, 25 000 de plus en un an. Thierry, 56 ans, résident de Longueau, aimerait en faire partie. Problème : il est en fauteuil roulant…</p><p>Deuxième tentative, pour arriver de l’autre côté de la gare&nbsp;: ça passe, mais à l&rsquo;entrée du pont, deux femmes sont déjà engagées dans notre direction sur le petit trottoir. Attendre qu&rsquo;elles traversent, deux bonnes minutes, s’engager à notre tour, Thierry sur le trottoir, moi sur la chaussée. Une fois l&rsquo;autre côté, suivre un chemin bordé par une clôture, derrière les rails, les branches dans le visage, donc…</p><p>C’est comme ça plusieurs fois par an&nbsp;: il doit se rendre à l&rsquo;hôpital Pompidou à Paris pour faire inspecter sa prothèse de jambe. Mais avec son fauteuil roulant électrique, ce fils de cheminot, passionné de train depuis sa jeunesse, ne peut même pas accéder aux quais de la gare, reliés par un tunnel accessible uniquement par des escaliers. Alors, pour monter dans le train vers Paris, Thierry doit prendre le bus à Longueau pour se rendre à la gare d&rsquo;Amiens, et inversement au retour. Une perte de temps – <em>«&nbsp;surtout aux heures de pointe&nbsp;»</em> – et d&rsquo;argent qu&rsquo;il subit depuis près de dix ans, et qui concerne potentiellement des milliers d&rsquo;autres voyageurs à mobilité réduite.</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-3ccaf92179ce1e0bf8c86164657077ec"><strong><em>«&nbsp;Ils m’ignorent.&nbsp;»</em></strong></h6><p>Ancien salarié dans l&rsquo;événementiel, Thierry avait l&rsquo;habitude d&rsquo;être très mobile pour installer des scènes de spectacle en Picardie et à travers la France. Mais un matin de 2011, alors qu&rsquo;il va chercher le pain, il s&rsquo;effondre brutalement au sol. <em>«&nbsp;C&rsquo;est une artère qui s&rsquo;est bouchée. En reprenant connaissance, j&rsquo;ai vu ma jambe marron. J&rsquo;ai dû être amputé au-dessus du genou gauche.&nbsp;»</em> Thierry a 41 ans. Après l&rsquo;accident, il doit patienter cinq ans pour quitter son appartement insalubre et non aménagé à Amiens. En 2016, il obtient enfin un logement adapté aux personnes à mobilité réduite (PMR) à Longueau, près de chez ses parents et de son frère, sur les hauteurs de l&rsquo;ancienne cité cheminote. L&rsquo;idéal, pense-t-il, pour se rendre à ses rendez-vous médicaux parisiens. Il a vite déchanté. <em>«&nbsp;J&rsquo;ai écrit à la SNCF, à TER Hauts-de-France, à Gares et connexions, et à la Région, mais ils se rejettent tous la balle, quand ils ne m&rsquo;ignorent pas&#8230; Pourtant, ils pourraient construire une passerelle comme à Abbeville, mais l&rsquo;ancien vice-président de la Région en charge des transports </em>[ndlr&nbsp;: Franck Dhersin, devenu sénateur du Nord]<em> m&rsquo;a répondu que ce n&rsquo;était pas possible à cause des marécages qui pourraient inonder le tunnel et noyer les ascenseurs. Pourtant, Abbeville a été inondée en 2001 et ça n&rsquo;a pas empêché la construction de la passerelle&#8230;&nbsp;»</em> Derrière nous, Thierry pointe le doigt en direction desdits marécages, derrière le parking, derrière la rue, derrière une rangée d&rsquo;arbres. On ne peut pas les apercevoir depuis la gare, mais à vue de nez, c&rsquo;est à plus de cinquante mètres de là. Ça sent l&rsquo;excuse facile. Et quand bien même, qu&rsquo;est-ce que ça coûterait, en attendant, de construire des rampes dans les escaliers pour permettre aux PMR d&rsquo;accéder aux quais&nbsp;?</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-3087210af51a4447a72f7280e647f8e8"><strong><em>«&nbsp;5000 € le fauteuil&nbsp;! Je prends pas le risque&nbsp;!&nbsp;»</em></strong></h6><p>Conseiller municipal à Longueau, Thierry a le soutien du maire et des conseillers départementaux, mais rien ne bouge depuis 2016. Quand je le retrouve devant le hall de gare, ce mardi de mars, le parking est plein à craquer. Plusieurs voitures sont garées sur les trottoirs ou en dehors des emplacements. Comme la mienne, calée précipitamment à la sortie du parking. La petite 207 prêtée par mon cousin n&#8217;empêche pas les autres véhicules de sortir, mais, je l’avoue, je n&rsquo;ai pas pensé à toutes les personnes qui pourraient être gênées dans leur circulation&nbsp;: fauteuils roulants, seniors, voyageurs avec poussettes ou bagages encombrants. Comme Thierry et son large fauteuil électrique&#8230; D’ailleurs, en voilà une, sur notre chemin (non, c’est pas la mienne). Moi, j’ai juste un pas de côté à faire. Pas lui. <em>«&nbsp;J&rsquo;ai déjà cassé un fauteuil en descendant du trottoir à cause d&rsquo;un véhicule mal garé. À plus de 5000 euros le fauteuil, je ne prends pas le risque.&nbsp;» </em>Thierry décroche son téléphone.</p><p><em>«&nbsp;Tu fais quoi&nbsp;?</em></p><p><em>&#8211; J’appelle la police. On en a tellement marre de gueuler…&nbsp;» </em>Trois agents arrivent, discutent, verbalisent le véhicule. Mais les ennuis de Thierry, je le découvre, ne se limitent pas à l&rsquo;accès aux quais. Avant de le raccompagner chez lui, j&rsquo;entre dans le hall de gare pour tenter de savoir pourquoi elle n&rsquo;est toujours pas accessible. Un jeune employé, seul derrière son guichet, ne sait trop quoi répondre. <em>«&nbsp;On nous fait remonter le problème de temps en temps, des gens qui demandent pour des proches en fauteuil ou à mobilité réduite… Moi, la dernière fois, c&rsquo;était en fin d&rsquo;année, pour une personne en béquilles. Alors ça m&rsquo;arrive d&rsquo;aider à porter des poussettes dans les escaliers, mais en théorie je n&rsquo;ai pas le droit de le faire. Si je tombe et que je me blesse, c&rsquo;est pour ma pomme&nbsp;!&nbsp;»</em></p><div class="encart"><p><strong>Loi Handicap&nbsp;: une gare sur six, pas plus</strong></p><p>La loi Handicap du 11 février 2005 rendait obligatoire «&nbsp;<em>l’adaptation des conditions d&rsquo;accès des personnes en situation de handicap à leur environnement&nbsp;». </em>Les transports publics, et notamment les gares, en premier lieu. Fin 2023, 482 gares sur les 736 gares considérées comme «&nbsp;à rendre accessibles prioritairement&nbsp;» en France étaient accessibles aux personnes à mobilité réduite, selon la SNCF. Si le ratio de 65&nbsp;% semble plutôt élevé, il retombe à 16&nbsp;%, soit une gare sur six, quand on rapporte le nombre aux 3000 gares actives en France. Dans les Hauts-de-France, une seule gare, celle de Saint-Quentin, est concernée par des travaux de mise en accessibilité en 2025. <em>«&nbsp;La loi oblige à l&rsquo;accessibilité, mais elle n&rsquo;est pas appliquée&nbsp;»</em>, déplore Thierry. Rien que dans les Hauts-de-France, plus de 900&nbsp;000 personnes sont en situation de handicap, selon la Région. Ce qui n&rsquo;inclut même pas toutes les personnes à mobilité réduite.</p></div><p></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-304bbdcc1777de4912a318ca83d13c6c"><em><strong>«&nbsp;Honteux. C’est honteux.&nbsp;»</strong></em></h6><p>Dehors, j&rsquo;aperçois un bus prêt à partir, celui que prend habituellement Thierry pour aller à Amiens. J&rsquo;apostrophe le chauffeur, pour savoir s&rsquo;ils sont nombreux dans son cas. <em>«&nbsp;Sérieux&nbsp;? Le monsieur doit aller à Amiens pour prendre le train&nbsp;? Mais c&rsquo;est dingue, ça&#8230; Ça fait dix-sept ans que je conduis sur cette ligne, et c&rsquo;est la première fois que j&rsquo;entends parler de ça. Pourtant, j&rsquo;ai un enfant handicapé&#8230; Mais les gens ne se plaignent même pas, ils sont résignés, je pense. C&rsquo;est honteux&nbsp;!&nbsp;»</em></p><p>On continue notre périple, avec Thierry. Sur notre droite, un vieux bâtiment semble occupé. Il y a de la lumière à l&rsquo;intérieur, plusieurs véhicules garés devant.</p><p><em>«&nbsp;C&rsquo;est quoi, ici&nbsp;?<br>&#8211; L&rsquo;ancienne gare. C&rsquo;est là que sont les bureaux de Gares et connexions, l&rsquo;agence de la SNCF qui s&rsquo;occupe de l&rsquo;accessibilité en France.<br>&#8211; Quoi&nbsp;?</em>, je m&rsquo;étrangle.<em> Ils s&rsquo;occupent de l&rsquo;accessibilité, et la gare d&rsquo;en face qui est hyper fréquentée n&rsquo;est même pas accessible&nbsp;? Non mais c&rsquo;est un comble…&nbsp;»</em></p><figure class="wp-block-image size-large"><img decoding="async" width="1024" height="682" src="https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/123456-1024x682.jpg" alt="" class="wp-image-13517" style="aspect-ratio:16/9;object-fit:cover" srcset="https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/123456-1024x682.jpg 1024w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/123456-300x200.jpg 300w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/123456-768x512.jpg 768w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/123456-600x400.jpg 600w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/123456.jpg 1280w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" /></figure><p></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-c0ba0f4fe22739c31c0388ffc3699bbe"><strong>«&nbsp;Je suis désolé, vraiment…&nbsp;»</strong></h6><p>Devant l&rsquo;entrée du bâtiment, un gars tire sur sa cigarette électronique.</p><p><em>«&nbsp;Bonjour, dites, c&rsquo;est bien ici que la SNCF s&rsquo;occupe de l&rsquo;accessibilité dans toute la France&nbsp;?<br>&#8211; Oui, enfin, c&rsquo;est un des deux sites de Gares et connexions en France&#8230;</em></p><p><em>&#8211; D&rsquo;accord. Voyez le monsieur avec moi, il habite à Longueau, un peu plus haut, et pour aller à Paris en train pour sa prothèse, il doit prendre le bus ici jusqu&rsquo;à Amiens, et pareil au retour. Vous ne pouvez rien faire pour lui&nbsp;?<br>&#8211; Non, il n&rsquo;y a pas d&rsquo;aménagements prévus ici en tout cas, et comme la gare n&rsquo;est pas accessible, il n&rsquo;y a pas d&rsquo;assistance non plus.<br>&#8211; Mais c&rsquo;est absurde, quand même. Il pourrait y avoir quelqu&rsquo;un pour aider les gens, porter les fauteuils, les poussettes, etc.<br>&#8211; Oui, je comprends, et je suis désolé&#8230; Mais dans l&rsquo;immédiat, monsieur, comme vous êtes en fauteuil, vous devriez avoir droit au taxi pour aller à Amiens normalement. Je peux vérifier au bureau si vous voulez.<br>&#8211; Oui, ce serait gentil.<br>&#8211; Vous pouvez me donner votre numéro&nbsp;? Je regarde et je vous rappelle dans cinq minutes.<br>&#8211; Merci.&nbsp;»</em><br>Moins de cinq minutes plus tard, le téléphone de Thierry sonne. <em>«&nbsp;Vous avez bien droit à un taxi pour aller à la gare d&rsquo;Amiens Nord. Tout est pris en charge, il faudra juste nous prévenir un peu à l&rsquo;avance, et pareil au retour. &nbsp;»</em></p><figure class="wp-block-image alignright size-medium"><img decoding="async" width="200" height="300" src="https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/photo_6037454933105690408_y-200x300.jpg" alt="" class="wp-image-13520" srcset="https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/photo_6037454933105690408_y-200x300.jpg 200w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/photo_6037454933105690408_y-682x1024.jpg 682w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/photo_6037454933105690408_y-768x1152.jpg 768w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/photo_6037454933105690408_y-600x900.jpg 600w, https://fakirpresse.info/wp-content/uploads/2025/04/photo_6037454933105690408_y.jpg 853w" sizes="(max-width: 200px) 100vw, 200px" /></figure><p>Pour Thierry, c&rsquo;est toujours ça de gagné pour son prochain rendez-vous à Paris cet été, mais pourquoi les personnes à mobilité réduite ne sont-elles pas toutes informées de ce service&nbsp;? Et pourquoi des travaux n&rsquo;ont-ils été pas effectués pour une passerelle avec ascenseur, ou a minima des rampes d&rsquo;accès dans les escaliers&nbsp;? Interrogée, la Région n&rsquo;a pas (encore) répondu à nos questions. La SNCF, en revanche, nous raconte qu&rsquo;à cause « des voies en courbe », l&rsquo;accessibilité entre les quais et le train est « très complexe et coûteuse ». Mais patience, une « étude a été lancée pour trouver la meilleure solution d&rsquo;accès. » Bref, ça zigzague, ça circonvolutionne encore beaucoup. Mais qu&rsquo;on se le dise: si ça finit par aboutir à ce qu&rsquo;on installe juste quelques rampes pour permettre aux gens d&rsquo;accéder aux trains, c&rsquo;est grâce à la persévérance de Thierry et des autres qu&rsquo;on le devra&#8230;</p><p></p><p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/handicap-les-aventuriers-de-la-gare-maudite/">Handicap : les aventuriers de la gare maudite.</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
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  160. <title>Les assistant(e)s d’éducation : essentiels, mais abandonnés</title>
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  163. <dc:creator><![CDATA[Pierre Joigneaux]]></dc:creator>
  164. <pubDate>Wed, 09 Apr 2025 08:08:56 +0000</pubDate>
  165. <category><![CDATA[À la Une : Les derniers articles]]></category>
  166. <category><![CDATA[Enquêtes]]></category>
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  171.  
  172. <description><![CDATA[<p>« Bonjour Fakir. Je vous écris pour vous faire part de mon expérience pour le moins très précaire… » Dans les couloirs, dans la cour, aux toilettes, à l’infirmerie, à l’entrée, à la sortie, en perm’, dès que les élèves quittent la salle de classe, les assistants d’éducation sont là, au four et au moulin. Des journées de fou. Une présence essentielle pour nos gosses, mais un métier ultra précaire. Car quand Charlotte, assistante dans un collège de la Marne, a eu un accident, elle a compris que personne ne s’occuperait d’elle…</p>
  173. <p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/les-assistantes-deducation-essentiels-mais-abandonnes/">Les assistant(e)s d’éducation : essentiels, mais abandonnés</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  174. ]]></description>
  175. <content:encoded><![CDATA[<p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>«&nbsp;Bonjour Fakir. Je vous écris pour vous faire part de mon expérience pour le moins très précaire. Je suis AED, soit assistante d’éducation dans un collège public de la Marne. Vous n’êtes pas sans savoir que ce contrat est déjà précaire à la base. Fin février, j’ai été victime d’un accident qui, aujourd’hui, m’empêche de marcher et implique une longue rééducation. Je ne marcherai pas avant des mois. Aujourd’hui, la sanction tombe : demi salaire, direct…&nbsp;» </i></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Clément, mon collègue à la com’, nous avait signalé ce témoignage reçu sur Facebook. Je me l’étais noté, dans un coin de mon cahier. Je l’avais ajouté à la pile immense des sujets d’articles potentiels, alors qu’on est sous l’eau, à la rédaction. Mais pendant que quand Louisa, aide à domicile à Aurec-sur-Loire, me racontait les métiers invisibles dont on ne parle jamais, je me rappelais de Charlotte…</span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Je me frotte les yeux, et je relis son message avant de la contacter. «&nbsp;</span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>Vous n’êtes pas sans savoir que ce contrat est déjà précaire à la base…</i></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">&nbsp;» Pour être honnête, les assistants d’éducation, ça m’évoque des lointains souvenirs du collège, mais guère plus. Charlotte, du coup, sans plus attendre, entre dans le vif&nbsp;: «&nbsp;</span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>On ne me propose même pas la possibilité de survivre dignement, et pourtant, je suis sous contrat, engagée avec l’Éducation Nationale… »</i></span></span></span></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-aff211b0f278bedbce98b2ea922d36fe"><strong>Une honte, mais une honte légale.</strong></h6><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Je rembobine : Charlotte est assistante d’éducation dans un collège public dans la Marne. Elle a eu un grave accident, le 24 février dernier. « <i>Je me suis explosé la jambe. </i>» Elle est tombée, elle s’est pété le ligament du genou droit. Elle ne peut plus marcher, déclare un arrêt à l’Éducation nationale, prévient sa CPE, le jour même. Résultat ? Quatre jours plus tard, elle reçoit un demi-salaire : 600 euros. Comment c’est possible ? Son salaire complet, que l’éducation nationale lui garantit le premier mois en cas d’arrêt « long », se retrouve être&#8230; celui de février. Autrement dit, ses quatre jours d’arrêt de fin février ont été considérés comme le « mois à salaire complet » dû par contrat. «<i> Alors que j’ai, de base, trois jours de carence… J’ai donc eu un seul jour payé ‘‘à taux plein’’, alors qu’on nous parle d’un mois entier. ça fait peur. » </i>Cerise sur le gâteau : dès le mois suivant, Charlotte perd l’intégralité de son salaire. Une honte qui n’a rien d’illégal : c’est bien ce qui est prévu dans la loi. Charlotte appelle sa cheffe, la conseillère principale d’éducation. <i>« “Quand on est AED depuis moins de deux ans, c’est un seul mois avec un demi salaire, puis le mois suivant, plus rien”. Elle me dit ça tranquillement&#8230; C’est n’importe quoi, c’est fou. » </i>Charlotte a donné sa vie pendant des mois à l’Éducation nationale, pour s’occuper de cent mômes du matin au soir, non-stop, pour à peine un SMIC. Et voilà le résultat. Et Charlotte ne peut même pas dire stop : <i>« J’avais pensé à couper mon contrat, mais je ne peux pas. Il va jusqu’à fin août, si je le coupe, c’est considéré comme une démission, et je perds mes droits de chômage. »</i> Charlotte n’est pas indemnisée, mais ne peut plus marcher, elle est bloquée. Scénario kafkaïen.</span></span></span></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-35229e6a7df435e3bff4df48a2598619"><strong>En colère.</strong></h6><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Elle en a gros sur le cœur, et on la comprend. «&nbsp;</span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>Je suis en colère contre l’Éducation nationale, contre l’institution. On fait quarante-trois heures par semaine, on est toute la journée avec les gamins, c’est ultra éprouvant. Ils sont en pleine crise d’ado, on essaie de les éduquer comme on peut, d’être là pour eux. Et on a quoi en retour&nbsp;? Rien. Des miettes, aucune reconnaissance, aucune sécurité derrière. Ils s’en foutent des contrats précaires, alors que sans nous, il n’y a rien qui tient&nbsp;». </i></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Charlotte s’occupe de 112 élèves, toute la journée, pendant pratiquement dix heures de suite, avec une seule pause. «&nbsp;</span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>On arrive à 7h30 le matin et on enchaîne jusqu’à 16h45, parfois 17h30, avec seulement vingt-cinq minutes de pause, de 11h05 à 11h30&nbsp;». </i></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Et les tâches de l’assistant d’éducation&nbsp;? </span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>«&nbsp;C’est nous que les enfants voient toute la journée&nbsp;: dans les couloirs, dans la cour, à l’entrée, à la sortie, dans les études quand ils n’ont pas cour,&nbsp;dans les toilettes, à l’infirmerie… Dès qu’ils ont le pied qui sort de la classe, en fait. On est un peu leur phare, aux élèves. C’est pas mérité, ce côté précaire&nbsp;». </i></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Charlotte insiste&nbsp;: les AED sont loin d’être les seuls précaires de l’Éducation nationale. </span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>«&nbsp;</i></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>Les employées de ménages et les dames de la cantine, elles se lèvent à des heures pas possible. Elles commencent à 4h30 le matin, pour faire le repas des élèves. Et elles sont là jusqu’à 15h30. Elles touchent un Smic…&nbsp;»</i></span></span></span></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-2e0fe68065b8258186c31f58ce1c59ce"><strong>140 gamins à gérer, toute la journée.</strong></h6><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Dans son collège, les AED sont seulement cinq pour 560 élèves. Et avec le départ de Charlotte, ils ne sont plus que quatre, 140 gamins, chacun, à gérer. Il faudrait recruter, mais dans de bonnes conditions. Une remplaçante est venue&nbsp;: elle a tenu deux jours. Pas étonnant que l’Éducation nationale galère à trouver preneur. Ensuite, deuxième priorité&nbsp;: une (mini) pause supplémentaire. </span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>«&nbsp;On aurait la pause de vingt-cinq minutes pour manger, et une deuxième de, allez, juste vingt minutes, pour souffler. Pour garder son calme, prendre des bonnes décisions, pour être efficace, pas faire d’erreur… » </i></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Il y a la rémunération, aussi, évidemment. «&nbsp;</span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>Quand je vois mes collègues qui s’occupent de centaines de gamins pour 1200 euros, et que je vois ma pote qui choisit la couleur des affiches au Burger King payée 4000 euros, il pourrait il y avoir un juste milieu.&nbsp;»</i></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"> Les métiers essentiels écrasés, ceux qui ne servent à rein surpayés. Drôle de monde…</span></span></span> <span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Enfin, dernière revendication&nbsp;: les protéger, par un meilleur contrat. </span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>«&nbsp;On pourrait disposer d’au moins quelques mois d’indemnisation en cas d’accident. Un demi-salaire qui tombe au bout de trois jours, je trouve ça abject, surtout pour des professions de services publics. Ce sont quand même les gens qui filent des coups de main dans la vie de tous les jours, qui tiennent le pays debout&nbsp;».</i></span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Au-delà de l’Éducation nationale, depuis son accident, Charlotte est complètement livrée à elle-même. Ça s’est corsé financièrement, dès l’ambulance. Elle a dû raquer&nbsp;: 600 balles pour le transport. «&nbsp;</span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>Personne n’a voulu la rembourser.&nbsp;»</i></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"> Et pourtant, Charlotte souscrit à une mutuelle&nbsp;: Ociane assurance. «&nbsp;</span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>Je paye cinquante balles par mois. Je les ai appelés pour leur dire que je me suis blessée. Ils m’ont juste annoncé ce dont j’aurais pu bénéficier&nbsp;: une prise en charge complète, si je payais plus. Fallait prendre l’assurance à sept euros de plus par mois, madame. Bah non, votre accident n’est pas pris en charge, mais par contre j’entends des enfants derrière vous, est-ce qu’ils sont assurés&nbsp;? On a plusieurs offres…&nbsp;» </i></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">La colère monte. «&nbsp;</span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>C’est des véreux.&nbsp;»</i></span></span></span></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-8b5723eafe3143c34ca1d184780d8352"><strong>750 euros, rien qu&rsquo;au moment de l&rsquo;accident.</strong></h6><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Abandonnée par l’Éducation nationale, par sa mutuelle, Charlotte va l’être également par&#8230; la Sécurité sociale. <i>« Je me suis explosé la jambe, mais la Sécurité sociale, ce n’est pas leur problème. » </i>En plus de l’ambulance, Charlotte a dû acheter des béquilles, des attelles, sans parler des médicaments et des rendez-vous médecins, radios et kinés à plusieurs kilomètres de son village. <i>« J’ai avancé 250 euros à la pharmacie, ils m’ont remboursé 100 euros. Avec l’ambulance, j’ai sorti 750 euros, rien qu’au moment de l’accident. Et je te parle même pas des frais médicaux après… »</i></span></span></span> <span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">Charlotte vit dans un petit bled de la Marne, quarante habitants. Tout se trouve à plusieurs kilomètres, <span style="color: #000000;"><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;">là où elle bosse</span></span></span> : le médecin, le kiné, les courses, etc. Sans même parler des radios, à l’hôpital de Reims, encore plus loin. Elle ne peut plus poser son pied par terre, zéro transport. Comment faire ? <i>« Mon petit frère fait le taxi. Mais il y a plein de gens qui se blessent qui n’ont pas de petit frère à disposition. Comment ils font ? » </i>de l’éloignement des services publics pour les habitants des espaces ruraux… Charlotte soupire. « <i>Il faudrait plus de gens pour faire ce que vous faites, à Fakir : parler des vrais gens. Sortir un peu du 11</i></span></span><sup><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>e</i></span></span></sup><span style="font-family: Open Sans, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i> arrondissement de Paris ou de Lyon, et mettre en évidence notre précarité. S’affranchir des idées reçues sur nous, les combattre, casser les mythes qu’on nous met dans la tronche, la haine du pauvre. Dans mon coin, dans mon village, c’est RN. »</i></span></span></span></p><p></p><p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/les-assistantes-deducation-essentiels-mais-abandonnes/">Les assistant(e)s d’éducation : essentiels, mais abandonnés</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
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  179. </item>
  180. <item>
  181. <title>Agricultrices et enceintes : les inégalités sont dans le pré</title>
  182. <link>https://fakirpresse.info/agricultrices-les-inegalites-sont-dans-le-pre/</link>
  183. <comments>https://fakirpresse.info/agricultrices-les-inegalites-sont-dans-le-pre/#respond</comments>
  184. <dc:creator><![CDATA[Maëlle Beaucourt]]></dc:creator>
  185. <pubDate>Fri, 04 Apr 2025 08:59:53 +0000</pubDate>
  186. <category><![CDATA[À la Une : Les derniers articles]]></category>
  187. <category><![CDATA[Économie]]></category>
  188. <category><![CDATA[Exclus web]]></category>
  189. <category><![CDATA[Reportages]]></category>
  190. <category><![CDATA[Social]]></category>
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  192.  
  193. <description><![CDATA[<p>Femmes, cheffes d'exploitation agricole et enceintes : beaucoup sont confrontées à un obstacle majeur, l’accès à leurs droits sociaux. Obtenir un congé maternité, remplacé et payé, c’est souvent peine perdue dans l’agriculture. Demandez à Églantine, Anna et Patricia...</p>
  194. <p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/agricultrices-les-inegalites-sont-dans-le-pre/">Agricultrices et enceintes : les inégalités sont dans le pré</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  195. ]]></description>
  196. <content:encoded><![CDATA[<p><em>« J&rsquo;étais enceinte, mais je devais me mettre à quatre pattes sur le sol, pas le choix pour travailler les fleurs. Tout ce qui faisait des vibrations, je ne pouvais plus utiliser, donc le motoculteur c&rsquo;était fini. Mais la pioche et la binette, les mouvements de traction, fallait que je fasse très attention, ne pas trop forcer sur le périnée&#8230; »</em> C&rsquo;est une sacrée épreuve, que me décrit Églantine à l&rsquo;autre bout du fil. Moi je n&rsquo;imaginais même pas qu&rsquo;on en était encore là, en France, pour des travaux aussi physiques, à plusieurs mois de grossesse&#8230;<br>Cette histoire, elle avait commencé au milieu des stands du Salon de l&rsquo;agriculture. J&rsquo;errais dans les allées, du stand Crédit agricole à celui de Groupama, à la recherche d&rsquo;une sortie. J&rsquo;en peux plus, j&rsquo;étouffais. Ah, la Confédération paysanne&nbsp;! Je vais pouvoir faire une pause… Une brochure violette attire mon attention&nbsp;: <em>« Le congé maternité en agriculture. Un droit trop peu connu, trop peu utilisé »</em>. Tiens, les agricultrices tentent de faire entendre leurs droits sociaux, ça vaudrait le coup de s&rsquo;y intéresser. Mais je procrastine lâchement, en glissant rapidement le papier dans mon sac. Je suis en retard : il faut que je retrouve des copains pour une dégustation de houblon.<br>Une semaine plus tard, le prospectus violet dépassait de mon bureau, et me rappelle à mes devoirs. Alors, je lance un appel à témoignages. Des messages sur les groupes Facebook, des mails aux syndicats. J&rsquo;écris aussi à la Fédération des associations pour le développement de l&#8217;emploi agricole et rural (Fadear) puisqu&rsquo;elle porte la cause des droits des paysannes au congé maternité conjointement avec la Confédération paysanne. Églantine répond, et accepte de me raconter sa propre histoire.<br>Sécateur à la main, accroupie dans son champ de narcisses, elle s&rsquo;attèle à la tâche. <em>« Tu sais, quand tu tombes enceinte, tu ne réfléchis pas aux conséquences que ça engendre sur le travail à la ferme. Tu te dis que c&rsquo;est acquis, comme partout, que ça va bien se passer et que la ferme va continuer à tourner. »</em> Elle parle tout en déposant les fleurs dans un seau. Depuis 2018, la trentenaire est installée dans une ferme de douze hectares en Alsace. Ici, elle cultive des fleurs bio et s&rsquo;est également lancée dans le maraîchage. C&rsquo;est le printemps, les fleurs poussent vite, il faut les récolter avant qu&rsquo;elles ne s&rsquo;abîment. Du coup, pas question de s&rsquo;arrêter de travailler. Elle se baisse, se relève, se baisse encore.  Essoufflée, elle continue. <em>« J&rsquo;ai toujours des séquelles physiques depuis mon premier accouchement en 2019, notamment au niveau du périnée. Je n&rsquo;ai pas eu le temps de le remuscler correctement. Il faudrait que je m&rsquo;en occupe, mais bon, c&rsquo;est le début du printemps là. On verra ça l&rsquo;automne prochain !<br>– Tu ne pouvais pas demander de l&rsquo;aide ?<br>– Ça fait trois ans que je suis membre de la commission femme à la Confédération paysanne. Quand je suis tombée enceinte pour la première fois, j&rsquo;étais en pleine installation. Connaître mes droits sur le congé maternité, ça a été un vrai parcours. Aucune transparence du côté de la MSA</em> (mutualité sociale agricole) <em>et du service de remplacement. »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-c4894e2df932e54c34077c9a44ccd7cd"><strong>50 heures travaillées, 17 remplacées.</strong></h6><p>En France, quand une agricultrice demande un congé maternité, elle a droit à un service de remplacement, entièrement remboursé&nbsp;: une personne qualifiée assurera les missions agricoles à sa place.<br>En théorie, les futures mamans peuvent se faire remplacer jusqu&rsquo;à 70 heures par semaine. Mais seulement en théorie… <em>« Pour mon premier enfant, en 2019, j&rsquo;ai pu me faire remplacer 35 heures par semaine. Pour mon deuxième, en 2021, seulement 17. Ni la MSA ni le service de remplacement n&rsquo;ont accepté de couvrir le reste. Alors que je travaille au moins 50 heures par semaine… Du coup j&rsquo;ai demandé un complément pécuniaire : refusé aussi. »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-3e9776b836a23de205f582583bd418d9"><strong>150&nbsp;000 agricultrices sans statut.</strong></h6><p>De fait, le taux d&rsquo;heures remplacées dépend de la région et du nombre d&rsquo;heures déclarées par les paysannes. Des informations que peu d&rsquo;agricultrices détiennent… Églantine finit de remplir son seau de jonquilles&nbsp;: <em>« Le gros problème, c&rsquo;est qu&rsquo;il y a encore beaucoup d&rsquo;agricultrices qui travaillent dans les fermes sans avoir de statut, sans être reconnues comme salariées. Ou alors, elles sont</em> ‘‘conjointes collaboratrices », <em>mais ce titre ne leur donne aucun droit puisqu&rsquo;elles ne sont pas rémunérées ! Donc la plupart ne peuvent pas bénéficier d&rsquo;un service de remplacement. Et pire encore, beaucoup ne sont pas au courant de ce système. »</em> Selon les chiffres de la MSA, plus de 150&nbsp;000 agricultrices travaillent à la ferme sans statut. Leur travail sur l&rsquo;exploitation est totalement invisibilisé.</p><p><em>« Ding. »</em>&nbsp;L&rsquo;écran de l&rsquo;ordinateur m&rsquo;affiche un nouveau mail non lu. C&rsquo;est Anna, éleveuse de chèvres et de brebis en Côte-d&rsquo;Or qui a vu passer l&rsquo;appel à témoigner. Il ne lui reste qu&rsquo;une semaine avant la fin de son congé. <em>« J&rsquo;ai dû me faire une place dans le milieu agricole, ce n&rsquo;était pas facile. Mes parents étaient cheminots. »</em>&nbsp;Bergère dans les Alpes une bonne partie de sa vie, Anna décide de reprendre la ferme du Mont Serein (à quelques kilomètres du parc du Morvan) en 2022, à 34 ans. <em>« Un jour, un berger m&rsquo;a dit :</em>“La vie est faite de contraintes, alors je préfère choisir les miennes. ”<em>Ça m&rsquo;a fait tilt et je me suis lancée dans l&rsquo;agriculture. »</em> Avec ses trente chèvres et ses quatorze brebis, Anna produit des fromages et des yaourts biologiques qu&rsquo;elle vend sur les marchés. Son bébé de trois mois gazouille de l&rsquo;autre côté du fil. Elle se remémore la galère que c&rsquo;était de pousser les balles de foin et de traire avec le ventre arrondi.<br><em>– Au début de ma grossesse j&rsquo;ai eu une insuffisance mitrale donc j&rsquo;étais vite essoufflée. Pour la traite, je la fais à la main et je suis assise sur un tabouret, donc mon ventre était bien </em><i>positionné. Mais en fin de grossesse, j&rsquo;étais bien grosse, c&rsquo;était plus compliqué ! Quand je me baissais, je devais toujours m&rsquo;assurer d&rsquo;avoir une barrière ou quelque chose d&rsquo;autre qui puisse m&rsquo;aider à me relever. Sinon impossible !<br></i><em>– Et ça s&rsquo;est passé comment pour l&rsquo;accès à tes droits pendant ta grossesse ? Tu sais, le service de remplacement&#8230;<br>– Quand je suis tombée enceinte, je ne savais pas du tout quels étaient mes droits. Puis je n&rsquo;avais personne à qui demander des conseils : dans mon secteur, il n&rsquo;y a pas d&rsquo;assistante sociale. Et je voulais absolument arranger mon congé maternité, pour que ça concorde avec mon travail, tu sais, je travaille avec les saisons et les bêtes, je dois m&rsquo;adapter à ces paramètres. »<br></em>Du coup, Anna demande à la MSA de décaler son congé maternité qu&rsquo;elle commence seulement trois semaines avant et se poursuive treize semaines après l&rsquo;accouchement.<br><em>– Mais je n&rsquo;ai eu que 56 heures de remplacement par semaine. Ça ne couvre pas la totalité des heures que je fais : au printemps je travaille au moins 70h. Et comme le dimanche compte double, en fait, je ne suis remplacée que 52 heures. En plus, le service de remplacement m&rsquo;a demandé d&rsquo;avancer la TVA sur l&#8217;embauche : 5000 € pour trois mois. C&rsquo;est compliqué.<br>– Et à la reprise avec un bébé à la ferme, tu vas t&rsquo;organiser comment ?<br>– Comme mon mari ne travaille pas sur la ferme, on va s&rsquo;arranger pour qu&rsquo;il puisse le garder certains jours. Et puis, j&rsquo;ai installé un hamac pour le petit dans la bergerie et un transat dans la fromagerie… En fait, je ne m&rsquo;étais jamais posé la question du congé maternité et de l&rsquo;après congé dans l&rsquo;agriculture. La réalité m&rsquo;a fait prendre conscience de ce dans quoi je m&#8217;embarque. Mais ça ne me fait pas peur, le bébé ne marche pas encore. ça sera pire quand il ira partout à quatre pattes !<br>– Et la reprise, c&rsquo;est pour quand ?<br>– Attends deux minutes… »</em><br>Elle pose le téléphone, je l&rsquo;entends ouvrir une porte.<br><em>« Allô ? T&rsquo;es toujours là ? C&rsquo;était mon remplaçant, il voulait me prévenir qu&rsquo;une chevrette s&rsquo;était blessée. Il faut que j&rsquo;aille voir… »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-bd3766e6dc903fbc1fa5be762dd9946e"><strong>Les inégalités entre agricultrices et agriculteurs : la faute aux mœurs&nbsp;!</strong></h6><p>À peine raccroché que ma boite mail affiche encore un mail non lu.<br>J&rsquo;appelle Patricia, du coup. Depuis l&rsquo;Isère, où elle partage la ferme avec sa sœur, elle me raconte ses déboires avec le congé maternité mais aussi ses batailles contre les idéaux patriarcaux dans l&rsquo;agriculture. En 2020, quand elle eut son troisième enfant, Manon, elle n&rsquo;a pas eu le droit d&rsquo;être remplacée. <em>« Ah, c&rsquo;était folklo ! J&rsquo;avais la petite dans la voiture pendant que je plantais des piquets dans les champs. »</em>&nbsp;Elle rit, au téléphone. <em>« En plus, à l&rsquo;époque, je travaillais aussi dans un cabinet de comptabilité agricole, mais je n&rsquo;ai eu le droit à rien, rien, rien. »</em> Elle rit encore, comme pour dédramatiser. <em>« Les indemnités journalières et la prime d&rsquo;activité, ça a été mal calculé. Faut vraiment faire attention à tout, c&rsquo;est épuisant. »</em> Elle a besoin de parler, Patricia. <em>« En plus, je m&rsquo;occupe de toutes les tâches ménagères, des enfants, de l&rsquo;école et la ferme. Mon mari ne m&rsquo;aide pas, ou très peu. »</em>&nbsp;Malheureusement, elle n&rsquo;est pas la seule à avoir cette impression de tout porter sur ses épaules. Selon une étude de 2019 de la <strong><a href="https://www.fnab.org/wp-content/uploads/2023/02/SYNTHESE_FEMMES_EN_AB_VF.pdf" target="_blank" rel="noopener">FNAB</a></strong> (Fédération nationale d&rsquo;agriculture Biologique), 66 % des agricultrices en couple affirment prendre en charge la totalité ou presque des tâches ménagères.</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-f39456457dbc3a9858e2ba07165f281c"><strong>Tout reste à faire</strong></h6><p>Dans son dernier ouvrage, <em>Paysannes</em>, l&rsquo;historien Jean-Philippe Martin retrace l&rsquo;origine des luttes syndicales et de l&rsquo;émancipation des agricultrices. Selon ce spécialiste du syndicalisme agricole, la volonté pour les agricultrices de rompre avec les traditions est née dans les années 1960, portée par le CNJA (Centre national des jeunes agriculteurs, ancien Jeunes agriculteurs) et la FNSEA. Puis, dans les années 1970-1980, les femmes luttent pour obtenir un statut et des droits – notamment celui du congé maternité. Le congé est mis en place à partir de 1977 pour une durée de… quinze jours. Il ne sera entièrement pris en charge qu&rsquo;à partir de 2008. Pour rappel, les salariées des autres secteurs bénéficient du congé maternité depuis 1909… Il reste un sacré retard à rattraper.</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-7755b0c6984d898860ea49dec2d1413f"><strong>Pas de tracteurs pour les femmes !</strong></h6><p><em>« Mon père ne voulait pas que je touche aux tracteurs, </em>“c&rsquo;est pour les hommes”<em>qu&rsquo;il disait. Il était bien gentil, mon père, mais il avait une vision archaïque du fonctionnement de la ferme. Toute sa vie, ma mère l&rsquo;a aidé sur l&rsquo;exploitation et pourtant elle n&rsquo;a jamais eu le statut d&rsquo;exploitante aidante ni de conjointe collaboratrice. Même quand il a été possible pour les couples de se mettre en Gaec (groupement agricole d&rsquo;exploitation en commun). Ma mère, aujourd&rsquo;hui, elle n&rsquo;a presque pas de retraite, du coup. Heureusement qu&rsquo;en parallèle elle faisait des petits jobs… »</em> Parce qu&rsquo;en plus de la ferme, la mère de Patricia était auxiliaire de vie scolaire, gardait des enfants, portait des plats aux personnes âgées du village. C&rsquo;est byzance, grâce à ses multiples casquettes&nbsp;: elle se dégage aujourd&rsquo;hui 600 € de retraite par mois&nbsp;!<br>Reléguées au second plan dans le domaine de l&rsquo;agriculture, les femmes représentaient pourtant, en 2020, 20 % des chefs d&rsquo;exploitation. Invisibilisées, les agricultrices peinent à se faire une place. <em>« Les agricultrices ont longtemps été considérées comme</em> “sans profession” ;<em> leur travail à la ferme, pourtant considérable, était dans cette logique le prolongement naturel de tout ce qu&rsquo;elles faisaient à la maison »</em>, racontait à L&rsquo;Humanité Brigitte Gonthier-Maurin, co-rapporteure d&rsquo;un rapport sénatorial sur le sujet.</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-3d1eb99fc0fd279ab9e923403640e254"><strong>« Il a les sous, donc il décide. »</strong></h6><p>Patricia et sa sœur, à elles deux, ont hérité d&rsquo;une vingtaine d&rsquo;hectares de leur père. Elle s&rsquo;occupe des céréales et son aînée de l&rsquo;élevage de moutons. <em>« On est toutes petites, les agriculteurs d&rsquo;à côté ont des fermes de 300 hectares ! »</em> Depuis quelques mois, elle rénove un ancien bâtiment de 50 mètres carrés pour transformer sa farine. En ce moment, c&rsquo;est toute l&rsquo;électricité qui fait peau neuve. Bref, des projets, mais un souci&nbsp;: <em>« Les banques ont été frileuses pour me prêter de l&rsquo;argent, j&rsquo;ai pu bénéficier d&rsquo;un prêt de 25 000 €, alors qu&rsquo;un copain agriculteur qui a le même projet a reçu 60 000 €. Je suis certaine que c&rsquo;est parce que je suis une femme »</em>, soupçonne la quadragénaire. Et elle a peut-être raison. Selon un rapport de l&rsquo;ONG Oxfam, l&rsquo;accès au foncier pour les paysannes est plus compliqué que pour les hommes, en particulier parce que <em>« les prêts bancaires sont moins élevés chez les femmes que chez les hommes »</em>. Sans compter que la rémunération des agricultrices est inférieure de 29 % à celle des agriculteurs. <em>« En plus de la ferme, je dois m&rsquo;occuper des enfants. Mon mari ne travaille pas sur l&rsquo;exploitation, il a sa propre boite de BTP. Et en ce qui concerne les tâches familiales, la bouffe, les pipis au lit, je gère tout, toute seule. Le matin, je commence le travail à la ferme vers 9h30, c&rsquo;est tard. »</em> Patricia rit jaune, encore. <em>« En plus, pour l&rsquo;instant mon activité ne me rapporte rien : j&rsquo;ai du mal à me dégager un salaire. Du coup, dans mon couple, je ressens un effet de domination, de pouvoir du mari. Il a les sous, donc il décide. »</em> Elle se renfrogne, cette fois. Si les inégalités se manifestent par des comportements et des préjugés profondément ancrés dans la société, ce n&rsquo;est pas le fruit du hasard. L&rsquo;une des premières difficultés des paysannes a été de se faire reconnaître en tant que telles. Même dans le dico : c&rsquo;est en 1961 seulement que le mot « agricultrice » entre dans le Larousse. Avant cette date, seuls les hommes sont reconnus comme véritables exploitants sur la ferme. Ils sont les seuls destinataires du courrier et à cotiser pour les droits sociaux comme la retraite.<br>Enceintes ou pas, les femmes restent, encore, invisibles.</p><p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/agricultrices-les-inegalites-sont-dans-le-pre/">Agricultrices et enceintes : les inégalités sont dans le pré</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
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  200. </item>
  201. <item>
  202. <title>Emploi fictif : et Jordan Bardella, au fait ?</title>
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  205. <dc:creator><![CDATA[Pierre Joigneaux]]></dc:creator>
  206. <pubDate>Thu, 03 Apr 2025 05:48:37 +0000</pubDate>
  207. <category><![CDATA[Exclus web]]></category>
  208. <category><![CDATA[Extrême droite]]></category>
  209. <category><![CDATA[Justice]]></category>
  210. <category><![CDATA[Politique]]></category>
  211. <category><![CDATA[Reportages]]></category>
  212. <guid isPermaLink="false">https://wp-test.fakirpresse.info/emploi-fictif-et-jordan-bardella-au-fait/</guid>
  213.  
  214. <description><![CDATA[<p>Marine Le Pen condamnée (et non « victime », rappelons-le), l’image des « mains propres », c’est fini : le RN aussi « pique dans la caisse », et pas qu’un peu : le total  du détournement de fonds est de 4,1 millions d’euros. Mais le RN et les médias ont déjà désigné le remplaçant de Marine, au cas où elle ne pourrait pas se présenter : Jordan Bardella, évidemment, ce parangon de vertu aux airs de gendre idéal. En oubliant un détail : Jordan Bardella est lui aussi concerné par une plainte pour emploi fictif.</p>
  215. <p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/emploi-fictif-et-jordan-bardella-au-fait/">Emploi fictif : et Jordan Bardella, au fait ?</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  216. ]]></description>
  217. <content:encoded><![CDATA[<p>Ça vous arrive souvent, vous, d&rsquo;acheter un agenda annuel (vous savez, ce petit semainier avec lequel certains planifient encore leur emploi du temps) trois ans après l&rsquo;année concernée&nbsp;? Jordan Bardella, lui, oui. Selon Libération et le livre du journaliste Tristan Berteloot, <em>La Machine à Gagner. Révélations sur le RN en marche vers l&rsquo;Élysée</em>, il le remplirait même, après-coup, avec plein de réunions, de rendez-vous, de trucs très très prenants. Au cas où il devrait aller faire un tour dans le passé, peut-être.<br>Retour sur le mystère de cette faille temporelle…</p><p>Marine Le Pen qui risque de ne pas pouvoir se présenter aux élections en 2027, et c&rsquo;est toute l&rsquo;extrême droite et les médias qui avancent déjà le nom de son successeur&nbsp;: Jordan Bardella. C&rsquo;est lui qui semble incarner l&rsquo;avenir de l&rsquo;extrême droite. C&rsquo;est juste oublier un peu vite une chose&nbsp;: le président du RN est, lui, visé par une <strong><a href="https://www.nouvelobs.com/politique/20250326.OBS101987/assistants-parlementaires-du-rn-bardella-vise-par-une-plainte.html" target="_blank" rel="noopener">plainte de l&rsquo;association anticorruption Adelibe</a></strong>, déposée tout récemment, le 27 mars, pour « détournement de fonds publics », « recel de détournement de fonds publics », « faux », « usage de faux », « escroquerie » et « tentative d&rsquo;escroquerie ». Pour un soupçon d&#8217;emploi fictif au&#8230; Parlement européen.</p><p>Les faits remonteraient à 2015. À l&rsquo;époque, le jeune lepéniste est censé être assistant parlementaire local d&rsquo;un eurodéputé frontiste, Jean-François Jalkh. Problème&nbsp;: les preuves de son prétendu travail manquent cruellement à l&rsquo;appel, a priori. Dans son livre <em>La machine à gagner</em>, Tristan Berteloot affirme même que Jordan Bardella aurait produit de faux documents pour témoigner de son « activité » en tant qu&rsquo;assistant parlementaire.</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-f1524f84f05d72b9a24bf8ead03ae5b0"><strong>10 400 euros : le Parlement européen est généreux</strong></h6><p>Pour&nbsp;rendre crédible une activité fictive, l&rsquo;actuel&nbsp;président du&nbsp;RN&nbsp;aurait ainsi aidé à produire de fausses preuves&nbsp;de&nbsp;travail, antidatées. D&rsquo;où le coup de l&rsquo;agenda, dédié à l&rsquo;année 2015 mais acheté en réalité en 2018, et rempli par Bardella avec des réunions fictives pour simuler son activité. S&rsquo;y ajoute selon Berteloot une revue de presse falsifiée de 1500 pages, censée couvrir la période de son contrat de travail de 2015, mais en réalité créée en 2017 à partir d&rsquo;un logiciel du Parlement européen, et paraphée de la main de Bardella pour lui donner une apparence authentique. Montant estimé du potentiel détournement de fonds publics&nbsp;: 10&nbsp;400 euros. Soit la rémunération du mi-temps de Bardella, à un niveau de plus de deux fois et demi le smic de l&rsquo;époque. Généreux, le Parlement européen&#8230;</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-292cd41ed7aa69a16e2ff8ce66730e0d"><em><strong>« Bardella, on est emmerdés avec lui… »</strong></em></h6><p>Problème&nbsp;pour le président du RN : plusieurs sources travaillant à l&rsquo;époque au Parlement ont parlé, citées par Libération. Parmi elles, Aymeric Chauprade, ex-eurodéputé FN&nbsp;: <em>« Jordan Bardella est une personne s&rsquo;occupant de la communication de Florian Philippot. Il n&rsquo;est pas dans l&rsquo;environnement de Jean-François Jalkh</em> [ndlr&nbsp;: le député pour lequel il est censé travailler], <em>et n&rsquo;est pas sur des activités parlementaires »</em>. Paul Delcampe, ancien stagiaire de Jean-François Jalkh, se lâche sur une discussion <em>Messenger</em> avec d&rsquo;anciens membres du FN et affirme avoir <em>« créé des faux dossiers pour des assistants qui n&rsquo;ont jamais travaillé pour le Parlement européen »</em>. Un mail interne datant de 2017, écrit par Ghislain Dubois, assistant parlementaire de Jean-François Jalk, à ce stagiaire&nbsp;: <em>« Jean-François me demande de te charger de cette mission suivante, si tu veux bien. Le but est important : montage du dossier de Jordan Bardella. »</em> Un ex-collègue de Jean-François Jalkh enfonce le clou&nbsp;: <em>« Il m&rsquo;a dit : </em>“Jordan Bardella, on est emmerdés avec lui, car il n&rsquo;a rien fait quand il était assistant” ».</p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-aced4f322f498501dc1855c9c768982a"><strong>Libé attaqué, Libé relaxé !</strong></h6><p>Enfin, le nom de l&rsquo;actuel président du RN figure dans un organigramme du FN, aux côtés d&rsquo;autres assistants parlementaires dont les emplois fictifs ont conduit le Parlement européen à saisir la justice française. Jordan Bardella y est présenté comme « chargé de mission » auprès de Florian Philippot, alors vice-président du parti chargé de la communication et de la stratégie. Problème : le document date de février 2015. Bardella est donc censé, à cette époque, « travailler » comme assistant parlementaire à Bruxelles… En tout cas, Jordan n&rsquo;est pas très content qu&rsquo;on vienne fouiller dans le bazar de son emploi du temps passé. Alors, Jordan a décidé d&rsquo;attaquer Libération en diffamation. Perdu : Libé a été relaxé ce 21 mars.</p><p>Tout ça fait sourire, quand on repense aux déclarations de marine Le Pen, voilà quelques années. <em>« Tout le monde a piqué de l&rsquo;argent dans les caisses, sauf le Front national ! Et on trouve ça normal ? Les Français en ont marre qu&rsquo;il y ait des affaires, ils en ont marre de voir des élus qui détournent de l&rsquo;argent. »</em> Il faut une <em>« inéligibilité à vie pour tous ceux qui ont été condamnés pour des faits commis grâce ou à l&rsquo;occasion de leur mandat […] notamment le détournement de fonds publics »</em>.</p><p>Après ce désormais fameux 31 mars 2025, la ligne du « tous pourris sauf nous » devrait être un peu plus compliquée à incarner, pour le RN*. Quant à Bardella, il lui faudra bien expliquer un jour ou l&rsquo;autre, devant la justice ou les électeurs, l&rsquo;intérêt qu&rsquo;il peut y avoir à prévoir en 2018 des réunions pour 2015.</p><p><em>* Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu Marine Le Pen et huit eurodéputés coupables de détournement de fonds publics, en attendant un éventuel appel. Le tribunal a estimé que le préjudice total était de 4,1 millions d&rsquo;euros, pour avoir fait « prendre en charge par le Parlement européen des personnes qui travaillaient en réalité pour le parti » d&rsquo;extrême droite. Marine Le Pen a été condamnée à quatre ans de prison dont deux ferme, 100 000 euros d&rsquo;amende, et cinq ans d&rsquo;inéligibilité avec exécution immédiate.</em></p><p></p><p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/emploi-fictif-et-jordan-bardella-au-fait/">Emploi fictif : et Jordan Bardella, au fait ?</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
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  223. <title>Dettes imposées, formation bidon, chantage à la radiation : le « piège à cons » d&#8217;Intelcia et France Travail</title>
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  225. <comments>https://fakirpresse.info/dettes-imposees-formation-bidon-chantage-a-la-radiation-le-piege-a-cons-d/#respond</comments>
  226. <dc:creator><![CDATA[Camille Vandendriessche]]></dc:creator>
  227. <pubDate>Tue, 01 Apr 2025 14:47:31 +0000</pubDate>
  228. <category><![CDATA[À la Une : Les derniers articles]]></category>
  229. <category><![CDATA[Économie]]></category>
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  232. <category><![CDATA[Social]]></category>
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  234.  
  235. <description><![CDATA[<p>Au chômage depuis quelques mois, Peggy pensait signer un CDI dans une entreprise en pleine croissance, où « l'humain passe avant le business ». Elle s'est retrouvée « piégée » dans une formation qu'elle s'est sentie « obligée » d'accepter, au risque de perdre ses allocations chômage. Si elle s'en est sortie, d'autres, comme Maya, n'ont pas eu cette chance...</p>
  236. <p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/dettes-imposees-formation-bidon-chantage-a-la-radiation-le-piege-a-cons-d/">Dettes imposées, formation bidon, chantage à la radiation : le « piège à cons » d&rsquo;Intelcia et France Travail</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
  237. ]]></description>
  238. <content:encoded><![CDATA[<p><em>« Moi, pauvre chômeuse en galère, je vous dois des heures à vous, qui faites 1,4 milliard par an ? Comment c&rsquo;est possible de devoir rembourser des heures à une boîte où je n&rsquo;ai encore jamais travaillé ? »</em><br>Peggy est en colère.<br>Et il y a de quoi.<br>Après la fermeture du commerce qui l&#8217;employait, cette maman isolée de 46 ans pensait avoir retrouvé un job dans un centre d&rsquo;appels de Charleville-Mézières, sur un des nombreux sites d&rsquo;Intelcia. Ce groupe, détenu à 65 % par Altice, est présent dans presque toute la France et dix-huit autres pays. Mais sa richesse, ce sont ses 40 000 collaborateurs, du moins à en croire le PDG Karim Bernoussi. Car Intelcia se présente comme « une entreprise où l&rsquo;humain passe avant le business, où l&rsquo;humain est le moteur du business […], où les clients sont des amis, des business partners, des associés. » Avec des phrases qui en jettent : « We dream, we care, we do. » (« On rêve, on prend soin, on fait. »)<br>Face à tant de bienveillance, Peggy n&rsquo;hésite pas longtemps&nbsp;: fin janvier, elle postule à une offre de conseillère clientèle, en CDI, à 35 h. À la réunion d&rsquo;information, tout est fait pour la mettre en confiance. <em>« On nous présente la boite, la grande famille, les slogans à l&rsquo;américaine, avec tout le package : primes</em> ‘‘en veux-tu en voilà », <em>tickets resto, mutuelle, parking privé&#8230; Le rêve quoi ! On nous dit qu&rsquo;on suivrait une formation de quatre semaines payée par France Travail qui déboucherait sur un CDI. À l&rsquo;époque, je ne connaissais rien d&rsquo;Intelcia, j&rsquo;avais pas regardé les avis catastrophiques sur internet. Donc au départ, ça me plaisait plutôt bien, apprendre un nouveau métier, avec des horaires de bureau, en plus à Charleville. Et voilà l&rsquo;enfer qui commence… »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-30ae106c6952d31dd5825cb00ea46159"><strong>Légèrement contrainte…</strong></h6><p>Car en participant à cette simple réunion d&rsquo;information, Peggy ne sait pas qu&rsquo;elle a déjà mis le doigt dans un engrenage. Quelques jours après, elle reçoit un message de France Travail pour l&rsquo;informer qu&rsquo;elle intègre la formation. C&rsquo;est acté, pas le choix&#8230; Puis elle apprend alors que ce dispositif de « préparation opérationnelle à l&#8217;emploi individuel » (POEI) durera sept semaines au lieu de quatre. Et qu&rsquo;en guise de rémunération, elle continuera simplement à toucher son allocation de retour à l&#8217;emploi (ARE). Peggy : <em>« Il n&rsquo;y avait aucune amélioration financière, je n&rsquo;avais pas compris ça. Je suis allée à France Travail pour dire que je voulais refuser la formation, et on m&rsquo;a fait comprendre que j&rsquo;étais un peu obligée d&rsquo;accepter, sinon je risquais de me faire sucrer mes allocations. En plus, comme Intelcia reçoit 1800 euros de France Travail par personne formée, ma conseillère me dit qu&rsquo;ils pourraient… m&rsquo;obliger à les rembourser ! Mon Dieu ! J&rsquo;accepte, donc, mais enfin, légèrement contrainte&#8230; »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-fc03c2a75574ee7870f03c068a030b23"><strong>« C&rsquo;est trop tard : on est piégées. »</strong></h6><p>La première impression n&rsquo;est pourtant pas mauvaise. <em>« Le premier jour, c&rsquo;était plutôt bien, les locaux à Charleville sont très beaux, très propres, on t&rsquo;offre des petits goodies, du café, des chocolats, on te sort du</em> « we can, we do » o<em>u je sais plus quoi à toutes les sauces ! C&rsquo;était très bien, magnifique, tellement extraordinaire que ça en paraissait bizarre. On était vingt-cinq nénettes, que des femmes, dont beaucoup de jeunes surdiplômées, bac+3 ou +4, qui se retrouvent envoyées par France Travail. Il y a des salariés qui travaillent sur des postes d&rsquo;appel, mais on les croise pas trop, à part un qui est venu nous dire que c&rsquo;était génial de travailler là-bas. »</em><br>Pendant les trois premières semaines, les stagiaires doivent apprendre les ficelles du métier de téléconseiller,<em> « ce qu&rsquo;on a le droit de dire ou pas – par exemple les offres les plus intéressantes, on ne peut en parler que si le client les mentionne&#8230; »</em> Parce que le reste de la formation, elles répondront aux appels des clients d&rsquo;EDF, qui comme plusieurs mutuelles, et même France Travail&nbsp;!, externalise son service clients à Intelcia. <em>« Sauf que la première semaine, on ne peut pas travailler parce que les diapos ne sont pas à jour et qu&rsquo;on n&rsquo;a pas accès au logiciel d&rsquo;EDF. On s&#8217;emmerde, on se raconte nos vies. Le deuxième jour, un gars arrive, il est responsable de la paie ou de la compatibilité, et il nous dit qu&rsquo;on ne travaillera pas exactement 35 heures par semaine : il y aura des semaines de 10 heures et d&rsquo;autres de 48 heures suivant les besoins. Il nous explique le lissage des salaires, l&rsquo;annualisation du temps de travail&#8230; Et après tout ce charabia, il finit par nous dire qu&rsquo;on va signer notre CDI en devant d&rsquo;ores et déjà des heures de travail à Intelcia ! Sur le moment, mon cerveau beugue&#8230;</em>« Comment c&rsquo;est possible de commencer un travail en devant des heures&nbsp;? Et combien d&rsquo;heures on devrait&nbsp;? », je demande. <em>Le gars est tout penaud, il sait plus parler, il sait plus répondre. Et nous, on se rend compte que dès le premier jour, la moitié des stagiaires ne veulent plus être là, mais on est piégées… »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-1194feb28aef7c0810aad318f9b2ead4"><strong>« Comme à une merde ! »</strong></h6><p>Le lendemain matin, Peggy revient à la charge. Elle demande des explications à la formatrice sur cette histoire d&rsquo;annualisation et d&rsquo;heures dues à l&rsquo;entreprise, le salaire mensuel, les heures supplémentaires et les primes. <em>« Comme elle sait pas répondre, elle va chercher la DRH qui me rabaisse devant toutes mes collègues. Elle me dit :</em> « Non mais vous vous prenez pour qui&nbsp;?! C&rsquo;est quoi ce genre de questions en formation&nbsp;? Vous connaîtrez votre salaire et le nombre d&rsquo;heures que vous devrez au moment de signer votre contrat. » <em>Ça faisait longtemps qu&rsquo;on ne m&rsquo;avait pas autant parlé comme à une merde ! »</em> Au bout du troisième jour, Peggy trouve que ça sent déjà très mauvais. Surtout qu&rsquo;entre-temps, elle a fait la connaissance d&rsquo;une salariée de retour d&rsquo;un an de congé maladie. Elle a rejoint la formation pour se mettre à jour des nouveaux contrats et tarifs d&rsquo;EDF. Et elle avoue, au bout d&rsquo;une heure, que ses problèmes de santé se sont aggravés à cause des conditions de travail dans l&rsquo;entreprise.<br>Comme elle, il y aurait de nombreux employés en arrêts maladie, des burn out, et des démissions qui tombent presque tous les jours – <em>« il y en a eu cinquante le mois dernier »</em> – parce que la direction refuse toutes les demandes de rupture conventionnelle. Comment ça&nbsp;? On parle bien d&rsquo;Intelcia, cette entreprise où l&rsquo;humain passe avant le business, cette success-story d&rsquo;un homme parti de rien et qui a bâti un groupe international à plus d&rsquo;un milliard de chiffre d&rsquo;affaires&nbsp;? <em>« Tu crois qu&rsquo;ils les font comment, les 1,4 milliard ? Sur le dos des gens ! C&rsquo;est pas pour rien qu&rsquo;Intelcia est basé surtout dans le Nord et dans les anciens bassins industriels&#8230; Tu les trouveras pas sur la Côte d&rsquo;Azur ! »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-414727f0ab821f9c164dcc1280cc8b82"><strong>Une « entreprise d&rsquo;esclaves ».</strong></h6><p>En raccrochant avec Peggy, je fouille sur la réputation de l&rsquo;entreprise. En quelques minutes, je constate que sa réputation est sont catastrophique&nbsp;: <em>« Pire entreprise », « à fuir », « aucun respect du salarié », « toujours des erreurs sur la fiche de paie », « trop de pression et de discrimination », « entreprise d&rsquo;esclaves », « que de la tromperie »</em>. Sur une plateforme de recrutement, je vois que seuls 15 % des employés ayant laissé un avis recommanderaient Intelcia à un proche&#8230; Sur les sites de Laval, de Dreux et d&rsquo;Orléans, les mouvements de grève s&rsquo;enchaînent depuis plusieurs mois.<br>Elisa, qui a assisté à une réunion d&rsquo;information Intelcia à France Travail dans les Hauts-de-France, a tout de suite flairé l&#8217;embrouille. <em>« La RH était absolument imbuvable. Elle a esquivé plusieurs questions, notamment sur les bonus et les faibles taux de recommandation. J&rsquo;ai demandé pourquoi il y avait autant d&rsquo;avis négatifs sur Google et de turnover dans l&rsquo;entreprise. Elle m&rsquo;a pas répondu, mais elle a dit à ma conseillère France Travail que j&rsquo;avais été agressive lors de la réunion&#8230; »</em> Maya, salariée sur le site de Charleville, confirme l&rsquo;ambiance délétère qui règne dans la boite. Selon elle, le taux d&rsquo;absentéisme atteint 15 à 20&nbsp;%. <em>« Il y a un nombre important d&rsquo;arrêts maladie et de burn out, des personnes qui passent à mi-temps ou à temps partiel à cause de leur santé, et encore, il faut pouvoir le justifier… Pour ceux qui travaillent sur le projet EDF, les absences sont encore plus nombreuses. Il y a un vrai mal-être, ça nous laisse imaginer le pire&#8230; »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-83fd68d1f2dbaa5f0b15ab70da06ce30"><strong>Travailler plus pour s&rsquo;endetter plus</strong></h6><p>Le problème, je commence à le comprendre, c&rsquo;est d&rsquo;une part la nature de ce travail, qui consiste à encaisser et tenter d&rsquo;infléchir le mécontentement des usagers d&rsquo;EDF&nbsp;: <em>« On doit gérer tous les jours leur incivilité verbale, les intimidations, les menaces et comportements agressifs au téléphone, ou par e-mail. Faut savoir qu&rsquo;on n&rsquo;est pas formés pour désamorcer ce type d&rsquo;appels. On nous laisse nous débrouiller. Les nouveaux arrivants sont sous le choc, car ils ne savent pas gérer ce type de situations. »</em> Pire&nbsp;: la direction d&rsquo;Intelcia mettrait encore plus la pression à ses conseillers clientèle en épiant les échanges avec les usagers et en sanctionnant le moindre écart. <em>« Nos superviseurs nous pointent du doigt dans les évaluations et nous mettent des blâmes qu&rsquo;on doit signer ou qu&rsquo;on reçoit en recommandé, parce qu&rsquo;on n&rsquo;a pas respecté une trame d&rsquo;appel, qu&rsquo;on a dit :</em> « Merci, c&rsquo;est gentil » <em>à un usager et qu&rsquo;on n&rsquo;a pas le droit de dire ces mots trop familiers. »</em><br>Pour ne rien arranger, Maya et ses collègues sont traités comme des pions interchangeables, loin de l&rsquo;humanité clamée par le groupe. Maya&nbsp;: <em>« Les heures sup&rsquo; sont imposées dans nos contrats. Nos horaires changent toutes les semaines, et nos jours fériés sont dus à l&rsquo;entreprise.<br>– Quoi&nbsp;? C&rsquo;est pas possible, ça…<br>– Oui, ils nous retirent 25 heures pour les jours fériés qu&rsquo;il faudra réaliser en complément pour atteindre le nombre d&rsquo;heure annuel de notre contrat. Ils appellent ça un</em> ‘‘compteur de modulation ». <em>Ce sont des heures qu&rsquo;on doit. »</em></p><p>Lors de son court passage en formation, Peggy avait eu vent de ce système d&rsquo;heures à rembourser. Ce qui induit des situations lunaires, digne d&rsquo;un système moyenâgeux. <em>« La nénette qui revenait de congé maladie, elle nous a dit que sur sa dernière fiche de paie, elle était à moins 750 euros. Comme elle devait cet argent, elle a dû demander une avance, donc en fait tu t&rsquo;en sors jamais, tu dois toujours des heures. C&rsquo;est pour ça que les gens ne partent pas, parce que quand tu pars, tu leur dois toujours de l&rsquo;argent. Et en même temps, ils te disent que les heures c&rsquo;est pas de l&rsquo;argent.</em>« Pourquoi on n&rsquo;est payées qu&rsquo;au SMIC alors, et pas 14 euros de l&rsquo;heure, si les heures c&rsquo;est pas de l&rsquo;argent&nbsp;? », j<em>e leur ai demandé.&nbsp;« </em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-34950fda75e526a470bb3d71f089bc87"><strong>Rembourser 1800 euros ? Avec juste le RSA ?</strong></h6><p>Malgré l&rsquo;engueulade publique par la DRH, Peggy pensait aller au bout de la formation pour ne pas risquer la radiation. Sauf que ses questions n&rsquo;ont pas plu à la direction. <em>« Le lundi suivant, à 9 h, ils appellent ma collègue de formation pour lui parler. On était les deux seules à poser des questions dans le groupe. Personne d&rsquo;autre n&rsquo;ose, parce que quand on te dit qu&rsquo;on va te sucrer ton ARE, qu&rsquo;il faudra rembourser 1800 euros, et qu&rsquo;il y en a qui n&rsquo;ont que le RSA, tu acceptes&#8230; Moi, je suis toute seule avec ma gamine qui est encore à la maison. Si demain j&rsquo;ai zéro revenu, je fais comment ? »</em> Quelques minutes plus tard, la collègue convoquée revient dans la salle, fait ses affaires et s&rsquo;en va. Puis c&rsquo;est au tour de Peggy. <em>« La formatrice me dit de les suivre, elle et le salarié qui était venu nous parler. Ils commencent à me dire que mon état d&rsquo;esprit et mes valeurs ne correspondaient pas à l&rsquo;entreprise. Je leur ai répondu que c&rsquo;était réciproque. Elle m&rsquo;annonce alors qu&rsquo;ils me virent de la formation et qu&rsquo;ils vont en avertir France Travail. J&rsquo;étais soulagée. Ça a duré cinq minutes, on m&rsquo;a ramenée dans la salle en disant :</em> « Tu prends tes affaires et tu t&rsquo;en vas&nbsp;! ». <em>Tout ça devant 25 personnes qui étaient bouche bée. À mon avis, ils font ça pour montrer ce qui se passe quand on pose trop de questions. »</em></p><p>De retour chez elle, Peggy n&rsquo;en a pas fini des problèmes avec Intelcia. Au bout d&rsquo;une semaine, elle reçoit un courrier d&rsquo;avertissement avant sanction de France Travail. La raison&nbsp;: avoir abandonné la formation. Elle doit fournir un justificatif dans les dix jours, sinon elle sera radiée. Elle essaie de joindre la formatrice, pour avoir une preuve de son départ involontaire, mais sans succès. <em>« Intelcia a dit à ma conseillère que c&rsquo;est moi qui avais décidé de partir. J&rsquo;ai dû écrire un courrier pour attester sur l&rsquo;honneur que c&rsquo;est bien Intelcia qui m&rsquo;a virée de la formation. Mais si on m&rsquo;avait radiée, je me serais pas laissé faire ! J&rsquo;aurais demandé une confrontation avec la formatrice et les 25 témoins qui étaient dans la salle. »</em><br>Dix jours plus tard, Peggy reçoit un nouveau courrier de France Travail qui l&rsquo;informe de l&rsquo;abandon de la procédure de sanction. <em>« À mon avis, France Travail sait que ça se passe pas bien avec Intelcia, ils ont de très mauvais retours. On m&rsquo;a même dit :</em> « C&rsquo;est mieux pour vous de ne pas être restée là-bas. » <em>Les syndicats aussi sont au courant.</em> « Intelcia, on connaît&nbsp;! » <em>Mais comme ils arrangent les chiffres du chômage en sortant les gens de la catégorie chercheur d&#8217;emploi, on laisse faire&#8230; »</em></p><h6 class="wp-block-heading has-ast-global-color-0-color has-text-color has-link-color wp-elements-334413882acc0a2d1396eea34449a2ed"><strong>Dans la gueule du loup.</strong></h6><p>On a contacté Intelcia, bien sûr : silence radio. Forcément, j&rsquo;ai interrogé France Travail, sur ces pratiques dénoncées par Peggy et Maya. Leur réponse&nbsp;? Ils m&rsquo;indiquent en creux, dans une réponse écrite, ne pas avoir identifié de problème particulier sur plus de 400 demandeurs d&#8217;emploi formés par Intelcia sur le site Charleville-Mézières depuis 2023. <em>« Si des cas de négligence ou de non-respect des règles sont signalés par des stagiaires demandeurs d&#8217;emploi, notre obligation est bien sûr de mettre en place les contrôles nécessaires, de prendre les mesures adaptées si des non-conformités sont observées et d&rsquo;alerter les autorités compétentes en cas de dysfonctionnements graves constatés. [&#8230;] Des sanctions financières envers les organismes de formation [comme Intelcia] sont susceptibles d&rsquo;être appliquées en cas de non-conformité ou de manquement constaté. Si l&#8217;employeur ne respecte pas les règles de son côté, France Travail peut également décider de cesser la mise en place de POEI avec cet employeur. »</em><br>En d&rsquo;autres termes&nbsp;: on peut agir, si des manquements sont constatés. Mais si on ne nous dit rien, alors, que voulez-vous…<br>On pourrait leur objecter qu&rsquo;il n&rsquo;est pas forcément évident pour des gens déjà précarisés, sur le fil du rasoir, d&rsquo;oser élever la voix, de se faire entendre, quand l&rsquo;épée de Damoclès de sommes à rembourser tangue au-dessus de leur tête. Et que c&rsquo;est eux, France Travail, qui envoie ces mères célibataires, ces jeunes précaires, dans la gueule du loup… ça ne vaudrait pas le coup de vérifier, avant, ce qui se passe dans ces boîtes&nbsp;? Qu&rsquo;un organisme d&rsquo;État est censé protéger les citoyens, et pas en faire de la chair à profit pour des boîtes qui piétinent le droit du travail.<br>Maya, elle, regrette amèrement le jour où elle a poussé, via, ou plutôt à cause de, France Travail, la porte d&rsquo;Intelcia. <em>« On n&rsquo;est plus beaucoup de cette formation à être restés. Moi, il n&rsquo;y a pas un jour où je ne rêve pas de partir, de pouvoir mettre le pied dehors pour ne plus jamais travailler dans ce type d&rsquo;endroits. Mais on n&rsquo;a aucune porte de sortie à part la démission. Donc on reste parce qu&rsquo;on a des factures à payer, des crédits, des enfants, et on subit tous les jours ces comportements qui affectent notre moral et notre qualité de vie. À la médecine du travail, ils répondent :</em> ‘‘Il faut démissionner, on peut rien faire pour vous ». <em>Mon médecin traitant m&rsquo;a dit qu&rsquo;il a d&rsquo;autres patients en burn out qui travaillent chez Intelcia. Mais ils brassent tellement d&rsquo;argent que pour eux, on est juste des petits soldats qui font tourner la boutique. Si un soldat tombe à terre, c&rsquo;est pas grave, ils iront en trouver d&rsquo;autres aussi naïfs les uns que les autres avec leur CDI qui vend du rêve. »</em></p><p>L’article <a href="https://fakirpresse.info/dettes-imposees-formation-bidon-chantage-a-la-radiation-le-piege-a-cons-d/">Dettes imposées, formation bidon, chantage à la radiation : le « piège à cons » d&rsquo;Intelcia et France Travail</a> est apparu en premier sur <a href="https://fakirpresse.info">fakirpresse.info</a>.</p>
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